Le prêt est accordé. Je signe le marché de construction la semaine prochaine pour une première réunion de chantier le 6 février » annonce fièrement Thiébault Huber, président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) et de l’Association Qanopée (QuArt NOrd-Est PrÉmultiplication collectivE), regroupant les trois interprofessions Beaujolais, Champagne et Bourgogne.
Soutenus par le fonds européen FEADER et leurs collectivités territoriales, les trois vignobles vont se doter de leur propre serre de prémultiplication de greffons et de porte-greffes sous filet insect-proof. « Nous avons beaucoup de cépages en commun et avons jugé opportun de nous regrouper pour mutualiser les coûts de construction, estimés à plus de 8 millions d’euros » décrit Thiébault Huber.
4500m² seront couverts d’ici fin 2024, en Champagne dans la commune d’Oger, au sud d’Epernay. « Les travaux s’acheveront fin 2024. Nous installerons les plantations en 2025 et les commercialiserons nos premiers plants en 2027 » assure Thiébault Huber. Une extension de 3 500 m² est envisagées d’ici 2028.
« En cas de besoin, nous pourrons porter la serre à 12 000 m² » précise le président de Qanopée, insistant également sur le fait que deux chapelles de 800m² accueilleront un conservatoire, « pour garantir du matériel végétal sain aux générations futures de vignerons ».
Pour finaliser leur projet, les partenaires se sont inspirés de la serre installée au siège de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), au Grau-du-Roi, dans le Gard. « La nôtre y ressemblera, mais elle consommera moins d’énergie car nous aurons moins besoin de réguler la chaleur. Elle ne sera pas non plus opacifiée. En revanche, son toit n’accueillera pas de panneaux photovoltaïques pour laisser passer le soleil l’hiver » décrit Thiébault Huber.
Située à 200 mètres des coteaux champenois, cette nouvelle serre sera sécurisée au maximum. « Nous avons opté pour un sol enrobé, empêchant toute migration de vers par le sol. Le bâtiment sera également sur-pressurisé pour éviter le passage d’insectes si un filet venait à se percer ».
Complètement hermétique et soumises aux analyses et contraintes imposées par le nouveau cahier des charges de l’IFV, la serre garantira aux prémultiplicateurs et aux pépiniéristes la réception de plants indemnes de virus ou de maladies émergentes. « C’est vital. De plus en plus de vignes-mères sont touchées par l’enroulement ou le court-noué » insiste Thiébault Huber.
La prémultiplication sera réalisée dans un substrat stérile fertirrigué raccourcissant les délais de production. « Nous pourrons ainsi facilement tester de nouveaux porte-greffes, ainsi que des clones de pinot noir, pinot meunier, chardonnay, gamay, ou d’aligoté…» se réjouit encore Thiébault Huber.
Les serres bioclimatiques essaiment sur tout le territoire. Des projets sont à l’étude à Bordeaux, Nîmes, et l’Isle-sur-Tarn.