es vignerons bordelais ne pourront pas dire que la région Nouvelle-Aquitaine les berce d’illusions quant à sa participation à un plan d’arrachage des vignes frappées par la surproduction et l’absence d’avenir (sans perspectives de fermage ou de revente pour les vignerons en fin de carrière). Face à la demande de plan social portée par le collectif des viticulteurs de Bordeaux lors de la manifestation du 6 décembre dernier (avec une aide à l’arrachage définitif de 10 000 €/ha pour 10 à 15 000 hectares de vignes), une source proche du dossier à la Région explique à Vitisphere que « la seule possibilité légale d’aide publique sur cette demande serait l'Organisation Commune du Marche viticole (OCM vin, qui relève du premier pilier de la Politique Agricole Commune, PAC). Sauf que cette mesure n’est pas ouverte par Bruxelles à ce jour* et que les représentants professionnels viticoles nationaux ne semblent pas favorables à ce que cette mesure soit ouverte au niveau européen. »
Pour répondre à l’urgence sociale avec un outil existant, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, privilégie le recours à une aide à la reconversion, passant par l’arrachage de vignes pour l’installation d’autres cultures maintenant une activité agricole. Le tout grâce aux Fonds Européens Agricoles pour le Développement Rural (FEADER) pilotés par la région. Une patate chaude qui ne fait pas long feu dans l’entourage d’Alain Rousset, le président de Nouvelle-Aquitaine : « le FEADER ne répond pas à la demande. Il peut uniquement accompagner des installations nouvelles (en viticulture ou autre) et soutenir des investissements liés à un nouveau projet de réorientation de l’exploitation. En réalité, sur ce point, il n'y a pas de divergence de vue entre le président du Conseil régional et la préfète de Région. L'État n'a pas dit que le FEADER pourrait servir à l'arrachage. La Région a bien dit que le FEADER pourrait servir à la reconversion soit au moment de l’installation d’un nouvel agriculteur, soit d’un agriculteur en place souhaitant réorienter son exploitation en cours de parcours professionnel. »


Concrètement, la région pourra utiliser le budget du FEADER avec les Dotation Nouveaux et Jeunes Agriculteurs (DNJA) ou les aides à l’investissement (plans élevage, végétal, CUMA…). Et l’État pourrait débloquer des crédits pour compléter ces fonds européens de reconversion. « Mais pour se reconvertir, il faut être en vie » poursuit la source suivant le dossier à la Région, « or les exploitations les plus touchées n'ont pas la possibilité financière de se réorienter et sans doute pas la capacité morale, touchées par des années de crise ». Actuellement, une vingtaine de dossiers sont recensés pour cette reconversion.


« Dans tous les cas de figures, il faut aussi que la profession viticole participe au projet global et y contribue financièrement puisqu’il s’agit d’un projet de filière qui bénéficiera à l’ensemble de viticulteurs restants » entend-on dans l’entourage d’Alain Rousset, laissant glisser qu’« à Bordeaux, la possibilité de l'arrachage ne fait pas du tout l'unanimité ».
Devant se réunir pour la première fois cette semaine, la cellule de crise des vins de Bordeaux doit permettre de traiter les situations d’urgence financière des domaines bordelais en difficulté. Et de voir si d’autres solutions sont possibles.
* : « Elle l’a été au début des années 2000 et avait permis d’arracher 3000 ha en Bordelais mais aussi partout en France et en Europe » précise cette source.