Cabrières, on ne passe pas par hasard. Dans ce coin reculé de l’arrière-pays héraultais, la petite commune de 500 habitants à l’écart des voies de passage, attire essentiellement des randonneurs grâce aux deux Oenorando®, itinéraires de randonnées pédestre au départ du caveau de la cave de l’Estabel. « Ces parcours sont très fréquentés, mais les randonneurs qui s’arrêtent à notre caveau sont peu nombreux. Nous réfléchissons aux moyens à mettre en œuvre pour les inciter à passer la porte du caveau », indique Richard Cuillé, président de la coopérative. Pour attirer l’attention et faire connaître leur terroir, les vignerons de cette petite cave coopérative qui vinifie 15 000 hl par an, ont imaginé une opération mettant en valeur à la fois leurs vins et la curiosité locale : la mine Pioch Farrus, un site d’extraction du cuivre qui date de 2000 ans avant JC.
En partenariat avec l’Association Culturelle des Amis de Cabrières (ACAC), un groupe de bénévoles qui continuent les fouilles dans la mine et entretiennent le site, désormais propriété de la mairie, la cave a déposé, en août 2019, un lot de 528 bouteilles de vin dans une des galeries de la mine, située à 14 m de profondeur, afin de tester l’effet du vieillissement dans la mine comparativement à un élevage classique en cave. Cette cuvée, assemblage de syrah, grenache et mourvèdre en AOC Languedoc Cabrières, a été régulièrement dégustée : « Les deux premières années, on a constaté peu d’écart entre le vin de la mine et celui du chai. Aujourd’hui, on perçoit l’effet ralentisseur de la mine sur le vieillissement. Les vins élevés en chai sont plus évolués et plus ronds que ceux de la mine, dont les tanins plus présents, laissent supposer un plus grand potentiel de garde », indique Luc Flache, le directeur. Les 528 bouteilles ont été retirées de la mine ce jeudi 25 novembre et seront proposées à la vente en coffret de deux bouteilles, l’une issue de la mine, l’autre élevée en cave, au prix de 42 €. Pour célébrer cet événement, les vignerons ont organisé le 26 novembre une balade dans les vignes aux alentours de la mine suivie d’un repas dans la salle des fêtes pour une centaine de personnes.
« Dans les années 1990, nous vendions plus de 90% de notre production en conditionné, aujourd’hui ce n’est plus que 70% . Notre objectif est de retrouver le niveau que nous avions atteint, pour une meilleure valorisation de notre production ». La Grande Distribution représentant 90 % des ventes, la cave vise plutôt le circuit traditionnel pour atteindre cet objectif. La cave de l’Estabel produit exclusivement des vins en AOC Languedoc ou Languedoc-Cabrières. « Notre vignoble n’est planté que de cépages figurant dans le cahier des charges de l’appellation. Nous n’avons ni merlot, ni chardonnay ou autre cépage en IGP. Cette particularité est un point fort pour notre demande de reconnaissance en AOP Cabrières que nous avons déposé en juillet dernier à l’INAO », assure Richard Cullié.
Autre atout que la cave entend bien valoriser pour booster ses ventes : après avoir été couronnée de 7 coups de cœur consécutif en rosé, l’Estabel est la première cave coopérative qui se voit décerner le titre très convoité de « Vigneron de l’année » dans le Guide Hachette 2023. Un argument de poids.