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Des feuilles de vignes réveillées par la douceur automnale
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Climat
Des feuilles de vignes réveillées par la douceur automnale

En Languedoc ou au sud du Rhône, les reprises de végétation ne sont pas rares depuis septembre. La défoliation et la pluviométrie ont favorisé le phénomène, qui ne devrait cependant pas affecter la mise en réserve de la plante.
Par Olivier Bazalge Le 27 octobre 2022
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Des feuilles de vignes réveillées par la douceur automnale
Dans le Pic Saint-Loup, le docteur Serge Zaka a relevé des vignes dont les entrecoeurs se développent encore à la faveur de la douveur automnale - crédit photo : Dr Serge Zaka
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0°C le 27 octobre… Une incongruité climatique qui n’a pas manqué d’être relevée par les journaux nationaux, alors que la température moyenne de ce mois d’octobre 2022 n’a cessé de battre des records « en dépassant de 3,3°C à 3,5°C la moyenne d’octobre des trente dernières années », indique l’agro-météorologue Serge Zaka. « Mais plus préoccupant encore que ce mois-ci, la conjonction de cette sécheresse estivale et de douceur automnale  a amené beaucoup d’arbres à perdre leurs feuilles en été, se mettre dans une sorte de dormance estivale, et se remettre en végétation à la faveur d’un automne doux qu’ils confondent avec le printemps », poursuit l’agro-météorologue.

Ces conditions présentent-elles un risque pour la vigne et l’efficacité de sa mise en réserve ? Quelques publications sur les réseaux sociaux n’ont pas manqué de relever cette reprise de végétation de la vigne, particulièrement remarquée dans certaines zones du Languedoc ou dans la vallée du Rhône. « Il a beaucoup plu dans certains secteurs de l’hérault et du gard pendant les vendanges. Cette réhydratation des racines est favorable à la croissance végétative, d’autant que les conditions de température s’y prêtent particulièrement », souligne Guillaume Desperrières, directeur de la SRDV (société de recherche et développement viticole). « Nous observons cette reprise végétative sur les vignes le plus touchées par la sécheresse de l’été », indique Tristan Perchoc, consultant viticole de l’ICV en vallée du Rhône méridionale, « plusieurs contre-bourgeons ont commencé à sortir très tôt, début septembre, et continuent leur croissance en piochant dans les réserves de la plante, mais celles qui ont préservé un feuillage sain évoluent normalement pour la saison ». Sa consoeur Stéphanie Agier n'a pas noté ce phénomène dans le bordelais.

Entrecoeurs et bourgeons latents

 « Rien de très grave pour la mise en réserve en ce qui concerne la reprise de bourgeons de l’entrecoeur, tout au pire une légère consommation de ces réserves, car les feuilles produites sur ces rameaux n’ont pas une activité photosynthétique suffisante pour être sources de carbone », précise le professeur de viticulture de l’institut Agro Alain Deloire. Il ajoute même que la vigne étant une liane, il est normal que les entrecoeurs se développent par climat doux avec de l’eau disponible dans le sol. « Un rameau en croissance a besoin d’une température moyenne de 20°C pendant deux jours pour produire une feuille, nous sommes donc dans des conditions adaptées à la  production de feuilles dans le vignoble », reprend le professeur de viticulture. Mais dans certains cas extrêmes de défoliation, certains bourgeons latents (fructifères) ont pu gonfler voire entamer le débourrement. Ainsi, sur une parcelle de syrah sur sol caillouteux où la défoliation a été massive, un vigneron du gard a pu observer le phénomène en septembre sur une dizaine de pieds dépourvus de feuilles, alors que d’importantes pluies ont arrosé le département entre mi-août et septembre (plus de 200 mm au total).

« Ce phénomène est très rare. Nous avions pu l’observer en 2003 sur syrah, au sein de vignes de collections, suite à un stress hydrique marqué et une défoliation, et c’est possible que ce soit à nouveau relevé cette année. Dans ce cas précis, il y a une levée de dormance qui se fait sans froid, comme dans les climats tropicaux. Ce mécanisme est encore très mal compris par la science et l’on voit que cette levée de dormance nécessité des conditions très particulières », reprend Alain Deloire. L’absence de feuilles en est une, « car sur un rameau primaire qui pousse, le bourgeon latent est inhibé par l’entrecoeur et les feuilles, et sur un sarment lignifié, il n’y a pas cette inhibition hormis celle de l’acrotonie», ajoute-t-il. Dans des conditions de températures douces persistantes et d’alimentation hydrique, il n’est donc pas impossible qu’un bourgeon latent se développe. « Dans ce cas, il ne faut surtout rien faire et attendre le froid pour tailler et ne conserver que des bourgeons qui ne se seront pas développés », abonde Alain Deloire.

Douceur persistante

La chaleur du sol contribue également au maintien en activité du système racinaire de la vigne. « Les racines continuent d’envoyer de l’eau dans les bourgeons, diluant ainsi la concentration en acide abscissique (ABA) qui inhibe la croissance des bourgeons », ajoute Alain Deloire. Quasiment terminée, la mise en réserve ne semble pour l’heure pas en péril, même si Guillaume Desperrières souligne « la corrélation directe entre la pluviométrie de septembre à novembre et la qualité de cette mise en réserve ».

Serge Zaka n’hésite pas à faire le parallèle avec des arbres fruitiers qui sont signalés en train de fleurir dans le sud-ouest ou la végétation forestière qui refait des rameaux à la faveur de cette douceur d’automne, sans que de réelles évolutions ne se manifestent dans les prochains jours. « Jusqu’au 1er novembre, la douceur va rester sur tout le territoire, entre 25°C en Bretagne et 30°C dans le sud-ouest. Le vent va ensuite virer à l’ouest, entrainant une diminution des températures, mais qui restera contenue, avec 10-15°C dans la moitié nord, et 20-22°C dans la moitié sud, donc au-dessus des normales de saison. Les bourgeons débourrés vont donc continuer à pousser », conclut-il.

 

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JLT Le 31 octobre 2022 à 15:09:45
Non les plantes ne mourront pas ! Les bourgeons qui poussent maintenant faneront dès les premières gelées. Certes les températures augmentent, mais la nature sait aussi se défendre de ces phénomènes. Les archives sont nourries par ces phénomènes ponctuels de chaud et froid : La gelée de 1956 dans le sud de la France : Au cours de l'hiver 1956, le 29 janvier, la température est descendue à moins 15 degrés. En février, elle est parvenue à -30 degrés. On pouvait traverser le Tarn gelé à pied. Les cultures ont été brûlées par le froid et les vignes gelèrent à 80%. Les viticulteurs ont mis 2 ans à s?y remettre ! Il faut arrêter de faire du catastrophisme journalistique ! JLT
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