es millésimes se suivent et ne se ressemblent pas à Bordeaux. « Il y a un an, on se tournait les pouces dans les vignes après le gel du mois d’avril. Cette année, tout a poussé très vite et pousse encore. On prend 20 cm par week-end, on est toujours dans l’urgence. On est submergé ! » témoigne Benjamin Banton, le dirigeant du prestataire de services Banton & Lauret. Saluant la perspective d’une récolte généreuse, à date, le premier prestataire viticole de Gironde fait état d’une masse de travail qui aurait dû prendre 3 semaines et doit être comprimé en 2 au vu de la phénologie : « il faut faire les dédoublements, épamprer la tête et le pied, attaquer les premiers levages pour contrer les maladies cryptogamiques. Encore plus sur les propriétés en bio où l’on sait qu’il faut être très précis dans la tenue de la vigne. »
« La vigne a poussé très vite avec les températures de mai. En quelques jours, tout a dû être épampré et relevé. Ce n’est pas le plus simple, c’est une période critique comme la pousse n’est pas progressive et lente » reconnaît Benjamin Vimal, le directeur adjoint du château Lagrange (118 hectares de cru classé en 1855 à Saint-Julien). Malgré le coup de sang printanier de la vigne, l’ingénieur agronome ne se plaint pas, le millésime étant moins éprouvant que le précédent et les pluies du début de semaine permettant de soulager les complants. Alors que les tensions sur la main d’œuvre sont au centre des préoccupations, le château Lagrange indique ne pas avoir de problématique en la matière, « comme 80 à 90 % des travaux de relevage et d’épamprage sont réalisés par nos équipes en interne » pointe Benjamin Vimal, qui compte sur un prestataire historique pour soutenir ses équipes (avec une collaboration à l’année et pas ponctuelle en cas d’urgence).
Pour nombre d’autres vignerons et prestataires de service, l’explosion végétative de ce mois de mai exacerbe encore plus les tensions sur l’emploi. Benjamin Banton peut témoigner de la complexité des recrutements. Ayant anticipé un besoin de 600 personnes pour un printemps "classique", sa société a besoin de 100 à 150 personnes supplémentaires pour répondre à la surcharge de demandes. Ayant du mal à recruter en local (350 employés viennent de Gironde ce printemps, contre 600 à 800 par le passé), Banton & Lauret a besoin de faire venir des ouvriers viticoles d’autres zones, avec des renforts attendus du Maroc (avec un partenariat pour 60 contrats) et d’Espagne (pour 30 salariés supplémentaires).
« Les recrutements sont très compliqués » confirme Benjamin Vimal, qui consacre de plus en plus de temps à trouver les bons candidats. Venant de valider trois embauches pour la vigne en CDI, l’œnologue démontre que l’embauche n’est pas impossible. « Après il faut réussir à fidéliser » pointe-t-il.