’équation peut sembler aussi simple qu’insoluble : comment lever les barrières empêchant la recherche de main d’œuvre viticole de trouver la demande d’emploi qui existe dans son plus immédiate proximité ? Sans avoir résolu un problème de plus en plus épineux, l’association Bergerac Action Solidarité et Emploi (BASE) a développé un pôle viticole de formation (avec une parcelle pédagogique) et de prestation de services (auprès d’une vingtaine de domaines du bergeracois). Cet outil sert de passerelle vers l’emploi à une dizaine de personnes chaque année explique Antoine Gounou, le responsable du pôle viticole de l’association BASE, ce 18 mai, lors d’une visite d’élus de la région Nouvelle-Aquitaine et du département de la Dordogne.
Les co-financeurs du projet ont pu parcourir la parcelle d’entraînement ouvert par le château Puypezat-Rosette à l’association BASE. Soit 1,8 hectare en AOC Rosette mis à disposition depuis 2020 par le vigneron bio Frédéric Francioli de Monner pour permettre aux apprentis d’acquérir techniques et confiance dans leurs capacités. « Le principe de l’insertion économique par le travail, c’est que personne n’est inemployable » souligne Jean-Pierre Ditsch, le directeur de l’association (78 salariés accueillis par an et 11 permanents, à 60 % des femmes), pour qui l’objectif est tout autant de former que de lever les multiples freins à l’emploi (manque de formation, absence de logement, manque de permis de conduire, poids d’addictions…). En s’appuyant sur les expériences de travail proposées, la possibilité de formations et un accompagnement socio-professionnel, l’objectif de l’association est d’amener chacun de ses apprentis à un emploi et une situation stable au bout de 24 mois. « Notre travail, c’est de remettre les personnes en selle. De leur donner envie avec nos supports d’inclusion » ajoute le directeur de BASE.


Avec 8 à 10 personnes formées chaque année aux métiers de la vigne, ce sont autant d’apprentis qualifiés pour le vignoble local explique Frédéric Francioli de Monner (13 ha de vignes en bio). « C’est un véritable tremplin. On peut dire que 5 à 10 personnes par an peuvent être directement employables » avance le vigneron, précisant que tous les apprentis ne sont pas intéressés par un travail au vignoble. Les principaux intéressés le confirment. Sur cinq travailleurs présents par cette chaude après-midi, un seul prévoit de travailler à l’année dans le vignoble, en tant que tractoriste. Une autre apprentie estime que le travail est trop physique et envisage plutôt un travail en cave.
S’il n’y pas de solution miracle à l’attractivité des métiers de la vigne, l’association BASE a l’originalité de proposer une nouvelle approche. Car dans le vignoble, « il y a un besoin de main d’œuvre [et sur le territoir] il y a un vivier de demandeurs. Il faut se faire rencontrer les bonnes personnes » rapporte Frédéric Francioli de Monner. « L’idée est simple : comment créer des conditions favorables pour que les gens se rencontrent, que certains trouvent un métier… une passion » renchérit Jean-Pierre Ditsch. « Le plus dur pour moi est de trouver des gens qui ont envie d’avoir un projet de vie » poursuit Antoine Gounou, pour qui « on essaie de donner goûts aux gens pour les métiers de la vigne »
Depuis son lancement fin 2017, le pôle viticole de BASE a formé une trentaine de personnes. Certaines ont rejoint la filière (via une entreprise d’insertion : "la Parcelle"), d’autres se sont orientées vers d’autres projets. « On reste un support d’insertion. La vigne est un super support » rappelle Antoine Gounou. « Pour certains il y a une vocation à travailler dans la vigne, pour l’ensemble cela aura permis de trouver une solution » ajoute Jean-Pierre Ditsch. L’association organise également des visites pédagogiques pour faire découvrir à des personnes en réinsertion les métiers de la vigne, et espérer créer de l’intérêt, voire des vocations. Il est déjà acquis que cette démarche innovante permet de transmettre les savoirs et le partage inhérents aux métiers de la vigne et du vin.