e collectif Nouveaux Champs, association qui porte le label zéro résidu de pesticides (ZRP) depuis 2018, se réjouit du maintien de la progression de ce label au sein de la filière vins. En 2022, 11 entreprises viticoles sont adhérentes à l’association, caves coopératives, particulières et négoce, « soit 89 producteurs », précise Julie Sabourin, responsable technique et qualité du collectif Nouveaux Champs. Sept de ces entreprises ont mis en marché « des vins blancs (secs et doux), rosés et rouges, avec des prix de vente consommateurs allant de 4 à 20 € en grande distribution », situe encore la responsable technique du collectif Nouveaux Champs, alors qu’elles n’étaient que 4 l’an dernier.
Si le label a été créé en 2018 pour les fruits et légumes, il n’a pris son envol qu’en 2020 pour la filière vin. « Nous avons commencé à avoir des volumes significatifs qu’à partir de 2021, 320 000 bouteilles, notamment par l’intermédiaire de 2 caves coopératives, Buzet et Tutiac, qui labellisent des vins pour la 3ème année consécutive en 2022 », détaille Julie Sabourin. Comme déterminé dans les objectifs de l’association et ses adhérents, les vins labellisés ont été commercialisés à un prix supérieur de 20 % à leur équivalent en conventionnel. « Toutes filières confondues, la valorisation des produits labellisés ZRP a progressé de 16 % cette année, mais c’est la filière vin qui connaît la meilleure dynamique de croissance. Les producteurs nous sollicitent via l’intérêt de valorisation que représente le label », poursuit Julie Sabourin. L'association indique que le coût d'adhésion varie de 2,5 à 15 k€ en fonction du chiffre d’affaires de l’entreprise. Les analyses coûtent ensuite entre 150 et 300€ en fonction des laboratoires et des risques de contaminations croisées de chacune des structures. Une fois l‘entreprise labellisée, une cotisation de 0.5% du CA des vins portant le label vient s'ajouter à cela.
Vinovalie fait partie de ces nouveaux adhérents à l’association. Déjà en réflexion pour diminuer ses intrants, la coopérative du Sud-Ouest a pu labelliser des vins dès cette année. Une nouvelle gamme, "Pur équilibre", a ainsi été déclinée dans les trois couleurs, et commercialisée à un prix 25 % plus cher que la gamme équivalente chez Vinovalie. « Nous avons entamé la démarche dans le cadre de notre plan Biovalie 2025, axé autour de 7 piliers. L’émancipation des produits phytos est un de ces piliers », déroule Jacques Tranier, directeur général de Vinovalie. La proximité des exigences de Vinovalie avec ce que demande le label ZRP a conduit à cette adhésion, « mais le label en lui-même ne fait pas partie des objectifs prioritaires, c’est plus un ballon d’essai pour voir s’il y a un intérêt commercial et marketing à faire exister ce segment », reconnaît Jacques Tranier, qui rappelle que la démarche Biovalie 2025 vise à parvenir au résultat d’absence de résidus pour l’ensemble des vins produits par les 3800 ha de vignes de Vinovalie en 2025. « Le label ne sera pas indispensable à l’ensemble de la production », appuie Jacques Tranier.
Ce qui n’est pas une mince affaire, au regard des contraintes que cela engendre dans la définition des itinéraires techniques et des résultats analytiques sur les vins. « Deux viticulteurs indépendants qui avaient adhéré à l’association à la création de la filière ont préféré arrêter, car ils n’arrivaient pas à surmonter les contraintes d’itinéraires techniques pour parvenir à l’absence de résidus dans leurs vins », explique Julie Sabourin. Elle ajoute que ce l’acide phosphonique est le résidu qui pose le plus de problème pour parvenir au zéro dans les vins et qu’environ la moitié des vins engagés dans la labellisation se retrouvent en non-conformité analytique et se voient déclassés. Vinovalie a choisi d’appliquer la labellisation sur des vins issus de parcelles conduite en bio, « sur lesquelles il n’y a aucune utilisation de Fosetyl ou matière active pouvant conduire à la présence d’acide phosphonique », rebondit Jacques Tranier. Les itinéraires techniques sont menés de manière à gérer la pression mildiou à l’aide de stratégies biocontrôles couplé à l’utilisation de cuivre. « Nous avons eu de bons résultats même lors d’année à forte pression comme en 2020 », renchérit Jacques Tranier.
Julie Sabourin souligne les vertus de cette démarche de labellisation chez les entreprises qui se sont engagées dans le label, « pour lesquelles il y a eu une réduction de 50% des IFT (indicateur de fréquence de traitement) ». Elle reconnaît volontiers que l’itinéraire technique type n’existe pas encore pour solutionner le problème des non-conformités, ce qui peut avoir un impact sur la pérennité du label d’un millésime à l’autre pour les producteurs. « Avec plus de lots labellisables à disposition, les caves coopératives disposent d’une plus grande marge d’action pour gérer la continuité d’une année sur l’autre », concède-t-elle. Les demandes d’information et les sollicitations continuent néanmoins d’affluer.