omme une litanie sans fin, les effets du changement climatique se succèdent ce millésime 2022 : hiver sec, gel de printemps, fortes canicules en juin, multiples orages de grêle en suivant et nouveau coup de chaud en juillet (qui n'est pas du tout fini...). Sans compter des épisodes locaux de coulure et d’incendies. Carton plein, ou plutôt caisses vides pour les vendanges de certains vignerons. Jusque-là ponctuels et plutôt solitaires sur un millésime, les aléas climatiques s’accumulent : après un coup de sang météorologique, on ne peut plus espérer un point final permettant de souffler. Pas d’apogée ou de climax, mais des risques toujours élevés : à la grêle peut succéder une nouvelle canicule...
Émergent depuis des années, le constat est désormais implacable : le dérèglement climatique n’est pas un enjeu d’avenir, le vignoble le voit et le vit déjà. Si l’on ne peut que souhaiter que le rythme des aléas climatiques prenne à court-terme des vacances (et avec lui les vignerons et leurs salariés exténués par cette campagne survoltée), on ne peut pas se bercer d’illusion à long-terme : l’avenir sera pavé d’événements météorologiques remettant toujours plus régulièrement en cause les rendements, la qualité et la pérennité des domaines viticoles. Cette exposition croissante au risque nécessite une vision d’adaptation des vignes existantes (protection des aléas, changements des modes de conduite : ébourgeonnage, effeuillage, travail du sol…) et de celles à venir (pour adapter notamment les plantations : encépagement, orientation des parcelles, exposition des rangs, densité, choix de la taille…).
Des évolutions qui nécessitent un soutien, financier (pour investir contre les dégâts de gel, de grêle, de sécheresse…) et réglementaire (notamment pour l’irrigation). Lancée fin juin après un mois de grêle, la mission flash demandée par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, pour estimer les dégâts et proposer des pistes d’action doit permettre de nouvelles avancées. D’autant plus que la filière vin a déjà un plan stratégique en la matière. Ses représentants nourrissent également de fortes attentes concernant la réforme de l’assurance climatique. Prévue pour le premier janvier 2023, ce nouveau dispositif de gestion du risque doit encore être précisé sur ses seuils de déclenchement (avec des enjeux budgétaires qui inquiètent), la finalisation du pool d’assureurs (et de réassureurs), la réforme de la moyenne olympique (pour rendre l’outil attractif)… Et pour finir de s'adapter au changement déjà visible, la recherche est également à poursuivre pour développer de nouveaux modèles, plus diversifiés et plus résilients, comme la piste de l’agroforesterie.