menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / La demande de voile antigel en vignoble AOC transmise à Emmanuel Macron
La demande de voile antigel en vignoble AOC transmise à Emmanuel Macron
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Expérimentation
La demande de voile antigel en vignoble AOC transmise à Emmanuel Macron

Le président de la République reçoit une demande d’expérimentateurs pour accélérer les tests et le déploiement d’une solution prometteuse pour améliorer la résistance des vignes aux gelées de printemps.
Par Alexandre Abellan Le 05 juillet 2022
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
La demande de voile antigel en vignoble AOC transmise à Emmanuel Macron
Le chef Guillaume Gomez (à gauche) et le vigneron Loïc Pasquet (à droite) travaillent également au projet de classification UNESCO des vignes préphylloxériques (travail placé sous l’égide du prince Albert de Monaco). - crédit photo : DR
C

hangement climatique implique changement des pratiques. « Le travail quotidien des femmes et des hommes du vignoble est détruit chaque année par les aléas climatiques. Le rôle de l’État est de les soutenir et de porter des solutions » pose le chef Guillaume Gomez, qui assure son « rôle de représentant personnel du président de la République auprès de tous les métiers de la gastronomie française » en faisant remonter à l’arbitrage d’Emmanuel Macron la demande de déploiement de voiles antigels dans les vignobles d’appellation. Un dossier notamment porté par le vigneron bordelais Loïc Pasquet (domaine Libert Pater dans les Graves, avec une production hors-AOC), le conseiller technique Thomas Chassaing (Association technique viticole de Maine-et-Loire, ATV49), l’enseignant-chercheur Alain Deloire (Montpellier SupAgro) et l'expert en ampélographie Olivier Yobrégat (Institut Français de la Vigne et du Vin). Actuellement, l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), pilote quatre expérimentations en vignobles AOP : Chablis, Touraine, Savoie et Bordeaux.

Remettant en main propre, ce 4 juillet à Paris, le rapport défendant l’intérêt du voile antigel, Loïc Pasquet demande une expérimentation plus rapide des filets antigel pour permettre un déploiement accéléré en AOP : « depuis plusieurs années, nous sommes dans l’incapacité de produire du vin, avec des gels successifs partout en France, car nous avons perdu le contrôle de la situation. La loi ne change pas assez vite par rapport à la course de vitesse que nous impose le réchauffement climatique. Nous avons les outils techniques pour nous battre, mais la législation ne nous permet pas de les autoriser. Cela doit changer » estime le vigneron, qui est lui-même sorti de l’AOC Graves* et a déployé des voiles d’hivernage P30 sur 5 hectares de son domaine ce printemps (pour la première fois).

Gagner en réactivité

Se basant sur les tests de voiles antigel réalisés à Bordeaux, en Val de Loire, en Bourgogne (à Chablis) le professeur Alain Deloire défend une solution efficace (« avec -5°C dehors, on mesure entre 0°C et -1°C sous le filet : ce qui change tout »), écologique (pas de consommation d’énergie et d’eau, pas d’émissions de gaz à effet de serre…), économique (avec un coût limité à l’achat et aux frais de pose) et durable (avec la possibilité de réutiliser le voile). Ayant reçu des lettres de soutien de deux opérateurs majeurs du vignoble (les groupes Advini et Grands Chais de France), il milite pour un lancement rapide des expérimentations et un déploiement dès que les premiers résultats seront positifs.

Déployant depuis 2020 des bâches antigel dans le vignoble ligérien dans le cadre d’une expérimentation AOP validée par l’INAO, Thomas Chassaing est convaincu par la pertinence de ce moyen de protection : « en 2021, nous avions 85 % de dégâts sur le témoin et 12 % de pertes sous le voile (P30, un peu trop léger : du P60 serait plus efficace). L’objectif n’est pas 0 % de dégât, mais être en dessous de 20 % pour que la vigne compense. » Déposant un projet de mécanisation pour améliorer les chantiers de pose/dépose des filets, le conseiller technique est plutôt confiant dans la réutilisation des filets sur plusieurs années (tant qu’il n’y a pas d’accrocs avec le palissage). Thomas Chassaing note un décalage de phénologie entre les modalités témoin et couvertes : « il y a forcément un petit décalage quand il y a une semaine de pose. Mais ça se lisse, entre la charge plus forte sous le voile et les vignes esquintées par le gel. Au final, on arrive au même stade, il n’y a pas de différences de qualité (à la dégustation de baies et des vins) et sans cramer des litres de fioul. Si on veut s’adapter au changement climatique, il faut être dans l’atténuation. »

On modifie le terroir en améliorant ses faiblesses

Résolument pragmatique, le professeur Alain Deloire tranche le nœud gordien de la protection du terroir propre à l’AOP : « le filet a un impact sur la phénologie. Il va modifier la vitesse de croissance du bourgeon en développement. C’est un choix à -5°C ça gèle, mais à 0°C ça ne pousse pas beaucoup (pour qu’une feuille pousse, il faut 20°C pendant deux journées). On modifie le terroir en améliorant ses faiblesses. Sur ce terrain, les bougies dans les vignes modifient le terroir, les hélicoptères aussi… et je ne parle pas de l’aspersion qui coûte en eau et énergie. »

Les trois porteurs du projet espèrent accélérer l’adaptation du vignoble aux risques gélifs. « Nous ne pouvons pas entendre parler d’essais pendant 10 ans. Cela revient à foncer dans le mur en klaxonnant. On ne peut plus se le permettre, avec le gel, la grêle, la sécheresse… Des vignerons vont mettre la clé sous la porte » tranche le professeur Alain Deloire.  « Il y a une accélération de l’impact des aléas climatiques. Il est urgent d’avancer, il en va de la survie de certaines propriétés » alerte Thomas Chassaing, notant que sur les 8 derniers millésimes, 6 étaient gélifs en Val de Loire. « Nos cépages et nos terroirs doivent être défendus. Les protéger du gel est la première étape. Pas de récolte ! Pas de revenus ! » renchérit Loïc Pasquet.

Dire que c’est interdit ne suffira pas

Dans ce débat, « mon rôle est de faire en sorte que les gens se parlent. Que les choses changent » indique le chef Guillaume Gomez, qui attend des évolutions ou des explications au terme des échanges à venir « si l’INAO dit que c’est mieux de brûler de la paille que de poser des filets en termes de nuisance et d’émission de CO2, il faut que ce soit prouvé. Dire que c’est interdit ne suffira pas. »

 

: « Dans l’absolu, je ne suis plus concerné » explique-t-il, « mais il n’y a aucune raison que des moyens durables et non polluants ne soient pas autorisés. C’est l’affaire de tous. Les éoliennes et les bougies dégagent énormément de CO2. Les voiles aucun. J’ai aussi la chance de pouvoir me passer des aoc mais tout le monde ne le peut pas. A la demande de nombreux confrères, et suite aux essais que j’ai effectué cette année, j’ai reçu beaucoup de sollicitations pour faire avancer les choses. »

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Cqcvin Le 05 juillet 2022 à 16:02:51
Merci Loïc pour ton aide.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé