Ce n’est pas une guirlande de Noël !, prévient Sébastien Gaugé, responsable matériel à la CSGV à Epernay (Marne). C’est un matériel technique, complexe, qui semble performant ».
Le système de câbles chauffants avec Led infrarouge fait l’objet d’une grande attention en Champagne. Plusieurs essais ont été menés par la CSGV, dans deux sites différents, à Avize et à Cuisles. Un autre essai a été réalisé, de manière autonome, par un viticulteur sur une parcelle située entre Hautvillers et Damery.
Ces câbles chauffants sont fournis par la start-up belge Frolight Systems. Les Led infrarouges réchauffent, par rayonnement, dans un rayon de 15 à 20 cm. La promesse de Frolight Systems est de protéger les bourgeons du gel jusque – 6 °C. Le système s'allume et s'éteint automatiquement à une température prédéfinie. « A Avize, nous avons eu 0 °C avec de la neige le week-end du 2 et 3 avril, précise Sébastien Gaugé. Et à Hautvillers, la température est descendue à - 4 °C. Cela a l’air de bien fonctionner car sur cette parcelle on voyait fin avril 4 à 5 feuilles sorties, et très peu dans la parcelle d’à côté. On voit aussi que dans la parcelle voisine, les trois premières routes ont été partiellement protégées. Il faut rester prudent sur l’efficacité de ce système. On va faire les comptes en juillet puis aux vendanges ».
Si ce système semble efficace, reste à mesurer son coût et sa praticité. Cet équipement est prévu pour protéger des lots de 12 ares. A Avize, le test a porté sur 24 ares, avec une consommation de GNR de 13 litres par heure. Les câbles ont chauffé de minuit à 6 heures du matin pendant deux nuits consécutives. Sur les chardonnays d’Avize, les câbles ont été posés, sur une partie de la parcelle, en suivant les baguettes pour être à 5 cm du bourgeon. Sur l’autre partie, la pose des câbles s’est faite sur le fil, avec des résultats également probants. Les câbles peuvent être accrochés avec une pince à lier standard et des bobines de fil classiques, ou comme à Avize, avec un lien biodégradable plus large.
Pour équiper 24 ares, trois personnes ont déroulé et installé les câbles pendant quatre heures, soit un total de 12 h de travail. La location, pour un mois, d’un groupe électrogène de 22 kVA a coûté 1 800 €. Le câble en lui-même coûte 5 €/m. « C’est un investissement qui peut être rentable pour un clos ou une petite parcelle présentant beau potentiel », résume Stéphane Gaugé. Une fois les câbles posés, les enjambeurs peuvent passer sans problème dans les vignes. Les câbles seront retirés et stockés une fois le risque de gel passé, vers le 20 mai. Un bilan technique, économique et environnemental sera réalisé après les vendanges par la CSGV.
A Cuisles, Cédric Moussé a réalisé un essai sur 12 ares de pinot meunier. Le thermomètre est descendu à -2.8 °C le 2 avril. « Mes bourgeons n’étaient pas encore assez sortis, donc je ne peux pas mesurer l’efficacité de ce système, témoigne Cédric Moussé. Mais il a l’air performant. Je l’ai utilisé pendant deux nuits consécutives, à raison de 7 à 8 heures par nuit. Ce système consomme deux fois moins d’électricité qu’un câble chauffant classique et la pose est rapide. C’est l’impact sur le bilan Carbone qui me fera décider si je m’équipe ou non ».