ignoble à haute valeur ajoutée et victime régulière du gel printanier, Chablis fait figure de laboratoire de la lutte anti-gel.
Le domaine des Malandes - 27 ha en AOC – s’est de son côté équipé de bâches antigel. Un équipement acquis auprès d’une PME du Nord en 2018, et depuis installé sur trois parcelles, pour un total de 1,7 ha protégés.
« L’efficacité est au rendez-vous », rassure Guénolé Breteaudeau, directeur technique du domaine. « En 2021, sur notre parcelle de chablis dans la vallée de Vaux, la partie non protégée a pris 90 % de dégâts, et la partie bâchée 30 % seulement. » Idem lors des gelées de ce mois d’avril 2022. « Une parcelle sous bâche en premier cru Fourchaume a gelé à environ 20 %, tandis que la parcelle voisine s’approchait plutôt des 40 %. »
La seule déception est intervenue en 2019. « Le 15 avril, il y a eu une gelée blanche. Nos parcelles protégées ont subi quelques dégâts alors que les voisins n’en avaient pas. C’était une grosse déception ! »


D’autant plus que l’installation donne du fil à retordre au domaine. « Une bâche fait 6m de large, ce qui permet de couvrir 4 rangs. Au total, cela représente 51 bâches pour protéger 1,7 ha», décrit Guénolé Breteaudeau.
«Elles sont livrées pliées. On a donc commencé par les enrouler sur des tubes d’acier pour pouvoir les dérouler dans les parcelles. On installe le dérouleur sur le tracteur, puis on déploie sur les rangs, avec de chaque côté des personnes pour fixer des sardines et des sangles ». Ainsi, « il faut à peu près quatre jours pour tout installer, avec six à huit personnes. Et autant pour les ranger.»
En général, les équipes installent en deuxième quinzaine de mars. « Il faut prévoir un créneau sans pluie ni vent, et préparer la parcelle avant, car l’herbe continue de pousser et on ne peut plus travailler le sol. » Puis replient fin avril, début mai tout au plus. « Il ne faut pas aller beaucoup plus loin : sur une année précoce, les rameaux commencent à pousser, et on risque de la casse. C’est un bémol, car on ne va pas jusqu’aux Saints de glace. »
À ce moment, il faut aussi penser au stockage. « Chez nous, les bâches les plus longues font 115m. C’est très lourd, surtout si la toile est imbibée d’eau après une rosée. On utilise parfois un manuscopique. »
Après 5 ans d’expérience, le bilan s’avère donc mitigé. « C’est efficace, on ne peut pas le nier, mais pas assez comparé à la somme de travail ».
Le domaine, parmi les derniers à utiliser des bâches à Chablis, souhaite poursuivre l’expérimentation. « Nous allons affiner la technique d’installation et continuer à tester des solutions. Faut-il installer sur sol sec ? Ajouter des souffleurs sous les bâches ? Ce sont des hypothèses à vérifier. »