émoin d’une résilience proverbiale, le mantra "keep calm and carry on" est plus que jamais d’actualité de l’autre côté de la Manche. S’il a été chamboulé par le sortie de l’Union Européenne début 2020, la crise du covid-19 et désormais les effets de l’invasion russe de l’Ukraine, le marché britannique reste fort. « Quand le Brexit s’est mis en place, la grande peur était celle d’une réduction drastique des importations de vins de l’Union Européenne pour se tourner vers d’autres pays. Ce n’est pas du tout le cas, l’Union Européenne reste le fournisseur de choix et la position de la France reste installée dans les habitudes de consommation » rapporte Pauline Gauthier, la cheffe du pôle Agrotech de l’antenne britannique de Business France.
Si la logistique reste compliquée dans le contexte géopolitique actuel, elle est en voie de normalisation après la période de tension du Brexit rassure l’experte : « les nouvelles règles sont connues et les habitudes se prennent. Il est plus complexe de faire des groupages pour les petits opérateurs, mais il est possible d’être accompagné face au rétablissement des formalités aux frontières : il faut se faire aider par des professionnels. Les règles sont connues, elles ne sont pas insurmontables. »


À date, les effets tarifaires de la petite récolte 2021 et de la hausse des coûts de transport et de matières sèches en 2022 ne se feraient pas sentir sur le marché anglais. En matière d’anticipation et de gestion de crise, « les opérateurs sont aguerris. Ils ont la peau dure ! » analyse Claire Prothon, responsable du marché vin pour Business France à Londres, notant que les acheteurs anglais ont conscience des enjeux actuels d’approvisionnement, mais que les partenariats établis entre fournisseurs et distributeurs se font sur le long terme.
« C’est un marché de proximité. Avec les frontières réouvertes, il faut venir prospecter » ajoute Claire Prothon, conseillant de cibler les importateurs (« renforcés après mise en place du Brexit »), de se déplacer (« beaucoup d’opérateurs influents sont à Londres, mais il y en a aussi dans le Nord de l’Angleterre, comme Manchester, et en Écosse, où ils sont moins sollicités »), d’être patient (« il faut deux ans de prospection active en moyenne pour créer un courant d’affaires ») et d’accompagner les mises en marché (« avec une démarche commerciale de communication et de marketing »).
Marché mature, le Royaume Uni ne manque pas de niches en croissance pour les vins français. Comme l’indique Pauline Gauthier, sont recherché des vins rosés de toutes origines (la locomotive étant la Provence, mais d’autres vignobles sont demandés, y compris sur les vins effervescents), les bulles restent à la mode (avec une place pour les crémants entre l’entrée de gamme du Prosecco et le haut de gamme des champagne et vins effervescents britanniques), les AOC plus confidentielles (du Jura, de Corse, de Savoie, d’Irouléguy…).
Sorti de la crise sanitaire, le marché anglais en conserve quelques habitudes de consommation exacerbées depuis les confinements. « Les ventes restent fortes sur les circuits de distribution indépendants, (+60 % d’achats entre juillet 2020 et juillet 2021 chez les cavistes) et la croissance est forte sur les ventes en ligne, déjà très développées en Grande-Bretagne (elles ont progressé de 10 % et on s’attend à une croissance de +20 % d’ici 2025) » précise Pauline Gauthier.
Reste une incertitude pour l’avenir du marché britannique : l’évolution de son régime fiscal pour les vins et spiritueux. Après un gel de trois ans sur les droits d’accises, Claire Prothon note le projet législatif de ne plus taxer les vins selon leurs types (effervescents/tranquilles), mais selon leur degré d’alcool (à partir du premier janvier 2023). La filière des distributeurs anglais s’y oppose actuellement.
Pour en savoir plus sur ce marché, cliquer ici.