e rosé a été au cœur des débats de l’Assemblée générale de l’AOC Languedoc qui s’est tenue le 30 juin au Mas de Saporta. Est-il pertinent de devenir une AOC de rosé, se sont interrogés les producteurs ? Dans son rapport moral, Jean-Benoît Cavalier, le président du syndicat a souligné la montée en puissance du rosé au sein de l’appellation depuis 5 ans.
Lors de la campagne 2015-2016, le rouge représentait encore 60 % du volume des sorties de chai, les rosés étaient à 30% et les blancs à 10%. Depuis 5 ans, la dynamique du marché rosé a inversé la tendance : les rosés sont aujourd’hui la couleur dominante avec 56% des sorties de chai sur la campagne 2020-2021 alors que les rouges ont chuté à 35 %. Les volumes commercialisés en rosé durant cette campagne (167 000 hl) équivalent à ceux des rouges lors de la campagne 2014-2015. Cette évolution va de pair avec une implication de plus en plus forte du négoce dans la commercialisation de l’AOC Languedoc. Au début des années 2000, 60 % des volumes de l’AOC Languedoc était commercialisé par les producteurs, 40 % par le négoce. Aujourd’hui la part des producteurs s’est réduite à 30%, alors que le négoce assure la vente de 70% des volumes. L’engagement du négoce est encore plus marqué en rosé : 78 % des volumes sont commercialisés par ses soins. Faut-il se réjouir de cette dynamique ? Les producteurs sont partagés.
« Le négoce est fortement impliqué dans notre appellation, mais il est important que les producteurs continuent à s’investir et développer une offre producteur chez les cavistes et en CHR », a exhorté Jean-Benoît Cavalier. Autre préoccupation : la lisibilité de la mention AOC Languedoc sur les étiquettes. Le développement de marques fortes par le négoce conduit souvent à mettre ces signatures commerciales en avant au détriment de la mention d’origine. « C’est une évolution dangereuse pour notre AOC. Nous perdons en visibilité et en notoriété. Le conseil d’administration de l’ODG s’est saisi de cette question et réfléchit à l’introduction de règles concernant l’étiquetage dans notre cahier des charges », a annoncé le président. Enfin l’essor du rosé soulève également des questions sur la perte de valorisation pour les producteurs, les cours du rosé (132 €/hl, -7€/hl par rapport à la campagne précédente) étant inférieur à celui des rouges (139 €/hl). Pour ne pas renouveler l’erreur du millésime 2018 où la production de rosé avait bondi sans que les ventes suivent, Jean-Benoît Cavalier a invité les producteurs à la prudence pour la prochaine récolte « On ne déclare en rosé que les volumes que l’on sait vendre », a-t-il recommandé.
Autre fait marquant, les ventes d’AOC Languedoc rouge, en recul constant depuis 2014, se sont stabilisées au niveau de la campagne précédente (105 000 hl). « Un signe positif alors que la tendance est plutôt à la baisse pour la consommation de vins rouges en France », a souligné Jean-Benoît Cavalier