aut craindre le GPGV (Grapevine Pinot gris virus) ? Pour le savoir, l’IFV et différents partenaires ont réalisé un état des lieux en France de cette virose émergente et des symptômes qui pourraient lui être associés - symptômes typiques ou apparentés à la Maladie du Pinot Gris (MPG). Des travaux qui sont financés par le plan national de dépérissement du vignoble.
En 2019, les acteurs de ce projet ont donc réalisé des analyses dans 117 parcelles de vignes de différentes régions, sur différents cépages et porte-greffes et dont l’âge est varié. L’objectif : avoir un état des lieux de la présence du virus. Dans chaque parcelle, ils ont analysé une quinzaine de ceps, soit 1763 ceps au total. Anne-Sophie Spilmont de l'IFV qui coordonne ce programme a donné les résultats de ces tests le 11 mars, lors d’un webinaire dédié aux dernières avancées sur les viroses de la vigne, organisé par la cellule de transfert Vitinnov.
« Le virus est présent partout. Un tiers des ceps que nous avons analysés sont positifs. Et 70 % des parcelles présentent au moins un cep positif. Toutefois les situations sont très contrastées d’une parcelle à l’autre. Par exemple en Alsace, certaines parcelles sont indemnes de virus et d’autres relativement proches sont très contaminées », a-t-elle détaillé. Et à première vue, certains vignobles semblent plus concernés que d’autres.
Les analyses statistiques le confirment : il y a davantage de ceps infecté par le virus dans les parcelles des vignobles du Sud et de l’Est de la France. Il y a également un effet âge de la parcelle : plus les ceps sont jeunes et plus la proportion de ceps positifs augmente. En revanche il n’y a pas de lien entre l’âge et la localisation. Il n’y a pas non plus d’effet du cépage, ni du porte-greffe.
En 2020, les acteurs du projet ont prospecté les parcelles à la recherche de symptômes de la maladie du pinot gris que provoque le virus. Ceux-ci sont difficiles à observer. Ils se caractérisent par des feuilles déformées, des décolorations ou des mosaïques sur le feuillage, un aspect buissonnant, des entrenoeuds raccourcis… Des symptômes que l’on peut facilement confondre avec ceux de l’acariose ou du court-noué. Les résultats de ces prospections sont rassurants : les observateurs ont signalé peu de symptômes de la maladie excepté en Champagne, notamment sur le secteur de Rilly la Montagne. Mais l’impact sur les rendements serait faible. Les observateurs ont identifié des symptômes – certains typiques d’autres moins sur 12 cépages au total : pinot noir, meunier, chardonnay, vermentini, zinfandel, sauvignon, ugni-blanc, cinsault, chasselas, manseng noir, aligoté, grenache noir. Souvent, ils ne les ont identifiés que sur quelques souches. Si le virus est très répandu en France, la maladie reste donc rare. Et le lien entre les deux reste à clarifier. Les chercheurs émettent plusieurs hypothèses : soit il y aurait différents variant du virus dont seulement certains provoqueraient des symptômes ; soit il faudrait une charge virale minimum pour déclencher des symptômes, soit une co-infection avec d’autres virus serait nécessaire ; soit des facteurs environnementaux spécifiques seraient nécessaires.
Le GPGV a été caractérisé pour la première fois en Italie en 2012. Depuis, on le retrouve dans la quasi-totalité des vignobles dans le Monde. Il peut aussi infecter des plantes herbacées que l’on trouve dans les vignobles : Silene latifolia et chonopodium album. Il peut être transmis par l’acarien responsable de l’érinose : Colomerus vitis. Mais il n’est pas exclu qu’il existe d’autres vecteurs.