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Amertume vigneronne face à la fermeture brutale des aides à la transition écologique
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Investissements dans l’agroéquipement
Amertume vigneronne face à la fermeture brutale des aides à la transition écologique

Entre l’attente viticole d’aides pour réduire les intrants et la réalité d’une enveloppe rapidement consommée, le décalage cède le pas à l’amertume. Explications et témoignages.
Par Alexandre Abellan Le 15 février 2021
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Amertume vigneronne face à la fermeture brutale des aides à la transition écologique
L

e dispositif d’aides au renouvellement des agroéquipements nécessaires à la transition agroécologique aura été victime de son succès. Ouvert ce 4 janvier, le site de candidature piloté par FranceAgriMer a fermé le 26 janvier. Avec 14 811 dossiers déposés, « essentiellement du matériel de substitution, d’épandage et de pulvérisation » indique Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. « L’aide à la conversion pour les agroéquipements a en effet été largement sollicitée et clôturée 23 jours après son ouverture » ajoute un porte-parole du ministère de l’Agriculture, indiquant que tous les dossiers enregistrés vont être traités (dans un délai d’instruction de trois mois) et d’autres dispositifs d’aides sont encore disponibles (comme l’aide aux équipements nécessaires à l’adaptation climatique, les crédits d’impôt bio et HVE, le programme de plantation de haies…).

Pas de quoi calmer la grogne et le désarroi que l’on entend dans le vignoble. Certains vignerons projetaient des investissements cruciaux, et n’en sont que plus désemparés. Ce 2 février, « nous étions sur le point de valider un dossier d'aide qui est vital afin de faire face aux investissements nécessaires à la transition écologique. Je suis scandalisé et m'étonne que trois semaines après son ouverture, il ne soit plus possible de déposer de dossier » se souvient Charles de Ravinel, à la tête du château de Carmansac (75 ha en AOC Bordeaux Supérieur).

L’aide financière est un atout indispensable

Le vigneron de l’Entre-deux-Mers souhaitait investir dans du matériel de pulvérisation face par face aux buses antidérive (notamment pour s’adapter aux Zones de Non-Traitement, ZNT), des outils de travail du sol (pour se passer de glyphosate) et une épampreuse mécanique (pour stopper l’épamprage chimique). « Ces investissements sont indispensables pour évoluer dans le bon sens et dans le sens réglementaire, mais coûteux et exigeants pour nos appellations. Evidemment l’aide financière est un atout indispensable pour pouvoir assumer cette transition… » témoigne avec amertume le vigneron bordelais. Attendant des clarifications sur de possibles aides régionales avant d’envisager le moindre investissement, Charles de Ravinel reste critique sur le dispositif gouvernemental d’aide à l’investissement dont il attendait plus : « les dossiers étaient à déposer entre le 4 janvier 2021 et le 31 décembre 2022 ».

« Ce plan de relance est une mascarade tant dans son déploiement que dans ses modalités de fonctionnement » critique vertement un jeune vigneron languedocien, ajoutant, sous couvert d’anonymat (son dossier pour des outils de travail du sol étant en instruction) : « premier arrivé, premier servi ? Aucun quota de matériel par exploitation ? Sur un plan qui devait durer 2 ans… » Face à ces interrogations, le ministère de l’Agriculture répond que si le plan de relance est bien prévu jusqu’à la fin 2022, chaque mesure présente une temporalité différente. Dans le cas de l’aide à l’investissement dans l’agroéquipement, la mesure était conçue pour aboutir à un décaissement rapide, afin d’obtenir des effets concrets avant 2022.

Réallocation de fonds

« Tout le monde savait depuis le départ que cette mesure répondait au premier arrivé, premier servi. Le système a trop bien marché, avec une saturation des dépôts. Il y a désormais un travail syndical à mener » indique Jérôme Despey, également secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA). Le viticulteur héraultais rappelle que lors de la présentation du plan de relance, le gouvernement indiquait aux filières que les enveloppes qui ne seraient pas consommées pourraient être réaffectées aux secteurs ayant rapidement utilisé leurs fonds.

Avec cette utilisation éclair du budget alloué, « l’agriculture a besoin de nouveaux crédits pour accompagner au mieux cette transition » plaide Jérôme Despey. Au ministère de l’Agriculture, on indique que la réallocation de fonds est une possibilité, mais que les arbitrages seront faits au niveau du plan de relance national par le premier ministre.

Les prix de vente ont augmenté

Le dispositif d’aides à un agroéquipement moins gourmand en intrant n’est pas le seul à avoir été victime de sons succès. Doté de 20 millions d’euros, le plan protéines n’a pas tenu deux jours. Posant la question d’un gonflement des prix de l’agroéquipement. « Les prix de vente de machines agricoles ont augmenté de 4 % voire à 15 % depuis le lancement de ce dispositif » indique un communiqué du Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF). Cette critique s’entend aussi dans le vignoble, où certains estiment qu’il y a eu une inflation des prix.

« Toutes ces subventions font monter le prix du matériel. Et au final on se retrouve avec du matos payé le juste prix, avec un dossier subvention à monter » indique un vigneron héraultais, rapportant que « 20 000 euros une paire de lame hydraulique, le prix d’une voiture, est-ce sérieux ? » Ayant des remontées sur des prix gonflés, le ministère estime qu’il s’agirait de cas isolés. Dans le cadre de l’instruction par FranceAgriMer, Jérôme Despey indique qu’une « veille des prix vérifie que le machinisme n’abuse pas sur les devis. Il y a des contrôles, nous n’avons pas d’éléments à date. »

Question de la sélectivité

Autre critique entendue dans le vignoble : le trop large choix de matériels pouvant être aidés. « En quoi l’aide sur des matériels de rognage favorise la transition écologique ? » pose ainsi Charles de Ravinel. « Je ne réfute pas la question de la sélectivité » explique Jérôme Despey, rappelant que la liste des équipements éligibles a été faite après un débat d’experts et le choix d’une offre large pour bénéficer au plus grand nombre. « Cette orientation est de notre responsabilité collective. Il faudra peut-être recadrer la base des matériels éligibles si des moyens supplémentaires sont alloués » indique Jérôme Despey.

A noter que si les premiers éléments statistiques remontés par FranceAgriMer ne permettent pas de connaître les filières aidées par ce plan, il apparaît que géographiquement les dossiers se concentrent dans le Sud-Ouest et le Nord. « Il y aurait moins de demandes en Languedoc, Provence, Bourgogne, Beaujolais, Côtes du Rhône… » avance Jérôme Despey, qui attend des données complémentaires. Et rappelle que le vignoble pouvait bénéficier l’an passé d’aides à l’achat de pulvés pour la réglementation ZNT (cliquer ici pour en savoir plus).

 

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Tous les commentaires (2)
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Vigneronderions Le 16 février 2021 à 13:58:27
Il est évident que ce système de subventions dans le monde Agricole sert à beaucoup de gens mais pas vraiment aux paysans. Il y a quelques années, j'ai acheté un groupe de froid viti, sans aide, le gars m'a clairement dit vous signez cette semaine le bon de commande je vous fait 25%. Ça on ne peut pas le faire avec les demandes de subventions, puisqu'il faut attendre leur retour pour pouvoir acheter. Exactement la même chose avec les solutions de traitement des effluents de chai. La Chambre proposait une étude (environ 5000€, puis le dépôt de dossiers subventions, 3000€, avec des investissements sur facturés, mais subventionnable. Pour un total entre 80.000€ et 110.000. J'ai tout fait pour moins de 25.000€ sans subventions et pour le même résultats, ne pas rejeter les effluents dans la nature... Un disque rapide viticole entre 8000 et 10.000€ 800kg de feraille, avec 8 paliers et un rouleau, faut pas exagérer. Pour ce prix tu as un utilitaire, avec moteur, clim, régulateur de vitesse, pneumatiques, vitrage, etc... Sans commune mesure.
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johan1947 Le 15 février 2021 à 13:28:19
c est quoi ce chantier ? en tous les cas pour beaucoup , subventionnés ou pas , je suis pas sur que se soit le moment d investir , surtout pour une transition ecologique qui ne me semble pas une priorité.
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