epuis deux ans, la Chambre d’agriculture du Vaucluse a mis en place toute une batterie d’essais sur son vignoble de Piolenc pour trouver des itinéraires techniques adaptés au changement climatique. « Nous voulons limiter la contrainte hydrique et le stress thermique, et retarder la maturité tout en maintenant les rendements et la qualité des vins » a détaillé le conseiller viticole Silvère Devèze lors d’une conférence organisée par Med’Agri. « Notre objectif est aussi de proposer aux viticulteurs des solutions qu’ils puissent facilement mettre en œuvre dans leurs vignes. »
En 2019 et 2020, les techniciens ont joué avec la charge des vignes et leur densité. Ils ont aussi testé la brumisation, en alternative à l’irrigation, et l’ombrage avec des filets paragrêle. « Les deux dernières solutions sont les plus prometteuses » reprend Silvère Devèze.


Pour la brumisation, les techniciens ont installé des tuyaux au cœur de la végétation. « Nous avons brumisé les feuilles tous les matins pendant deux heures. L’eau a ruisselé jusqu’à la base du tronc avec les mêmes effets que l’irrigation classique. »
Malgré une légère déperdition du fait du vent, la vigne brumisée n’a pas plus souffert du manque d’eau que la vigne irriguée avec la même quantité. « Et la température restait plus fraîche jusqu’à midi au sein du feuillage brumisé. A priori, la technique n’impacte ni le rendement ni la qualité. En 2019, c’est même cette modalité qui est ressortie première à la dégustation » indique le conseiller. La Chambre va poursuivre ces essais l’an prochain en plaçant les tuyaux plus bas pour limiter la dérive. Elle va aussi analyser les flux de sève pour comprendre comment la vigne réagit.
« L’ombrage avec des filets paragrêle mono-paroi donne aussi de très bons résultats » poursuit Silvère Devèze. « Nous avons testé trois niveaux d’occultation de la lumière : 25, 50 ou 70%. Dans les deux derniers cas, le filet a fait baisser la température de la surface des feuilles. Il a aussi retardé la modalité jusqu’à 11 jours, sans faire baisser les rendements. Reste à voir si cela se maintient au fil des années. » Les vignes protégées par des filets ont donné de bons vins, « même si nous avons perdu un peu de couleur dans la modalité la plus ombrée. »
Pour ombrer la vigne, sur une parcelle de syrah, les techniciens ont aussi essayé de jouer sur le palissage pour faire retomber la végétation sur les grappes. « Nous n’avons vu aucune différence avec la vigne témoin. L’ombrage arrive trop tard dans la saison » regrette le conseiller.


Jouer sur la charge de la vigne ne s’est pas révélé plus concluant. En revanche, abaisser la densité de plantation a bien fait baisser la contrainte hydrique. « Notre modalité plantée à 2 222 pieds par hectare, contre 4 444 pour la référence, a connu beaucoup moins de stress pendant toute la saison. » Le rendement n’a que très légèrement chuté car la taille des grappes a augmenté. « Les vins sont en cours de vinification mais l’analyse des raisins ne laisse pas présager de perte de qualité » assure Silvère Devèze.
« Même s’il supposerait un investissement plus important pour les viticulteurs, nous testons aussi l’agrivoltaïsme dynamique avec les sociétés Sun’R, ITK, l’Inrae et l’IFV. Des panneaux suivent la course du soleil et apportent de l’ombre à la vigne l’après-midi. Nous comparons un démarrage au débourrement et un démarrage en début de maturation des baies » indique Silvère Devèze. Dans le cadre du projet DiverViti, porté par l’Institut Français de la Vigne et du Vin, la Chambre du Vaucluse a aussi planté une parcelle agroécologique, « avec des vignes larges en port haut, des cultures intercalées, et un enherbement permanent. »