usqu’à présent, le réchauffement climatique (+1,5 °C de moyenne à Epernay entre 1959 et 2015) n’a pas engendré trop de problèmes en Champagne. « Les bois sont plus gros, les réserves plus importantes, les grappes sont passées en moyenne de 100 g à 130-140 g et le botrytis perd du terrain », décrit Sébastien Debuisson, responsable du service Vignes du CIVC (comité interprofessionnel des vins de Champagne). En revanche, on note une recrudescence de la pourriture acide et des arômes de champignon frais ».
Le risque de gel d’hiver diminue, « ce qui autorise d’exposer davantage les souches avec porte-greffes sauf en bas de coteaux en adoptant la technique du pied monté, préconise François Langellier, ingénieur au service Vignes du CIVC. Cela permet une meilleure ventilation. Et pour lutter contre le gel de printemps, qui persiste et pourrait progresser, nous avons intérêt à monter la hauteur des bourgeons. Une des piste serait de remonter le fil lieur, ce qui n’est pas autorisé actuellement ». François Langellier a également rappelé que les vignes larges constituent une piste intéressante pour s’adapter au réchauffement climatique. Elles permettent une meilleure ventilation et la réduction de l’usage des produits phytosanitaires grâce à la diminution des surfaces à traiter.
Sur le plan oeonologique, les pratiques de bon sens ont été remises en avant, avec ce principe de base rappelé par Guillaume Roffian, chef de cave de Nicolas Feuillatte : « faire en sorte d’éviter que les raisins et moûts ne se réchauffent plutôt que de les refroidir ». Les techniques de refroidissement sont coûteuses, consommatrices d’énergie et pas toujours efficaces. Des vignerons se sont déjà adaptés les années chaudes en débutant la cueillette vers 6 h pour terminer à 14 h. Autre conseil pratique : il faut privilégier les caisses en couleur blanche et les couvrir si elles sont momentanément au soleil. Le CIVC a validé qu’il y a 1,6 °C d’écart entre de l’eau contenue dans une caisse blanche et une caisse rouge.