Nous ne sommes pas seuls dans le monde des effervescents. Il faut affirmer notre suprématie ». C’est par ces mots que Pierre-Emmanuel Taittinger, président de l’Association viticole de Champagne (AVC), a appelé, le 2 décembre à Troyes, les viticulteurs champenois à s’investir encore davantage en faveur du climat et de l’environnement. Le rendez-vous, qui n’a pas démérité dans sa traditionnelle qualité théâtrale, a laissé une large place à la question du changement climatique.
Ce dernier devrait « augmenter la fréquence des grands millésimes », comme l’a souligné Dominique Montcomble, directeur de l’AVC. « Les viticulteurs peuvent afficher une sérénité prudente pour la décennie à venir » a-t-il estimé. Les moyens techniques d’adaptation sont jugés suffisants : clones de porte-greffes et de variétés (500 accessions conservées), taille, rognage, fractionnement du rendement, blocage des malos,… sont autant d’outils qui permettront aux vignerons de palier aux modifications climatiques.


Concernant la participation du vignoble à l’atténuation du changement climatique. L’AVC est revenue sur les efforts déjà accomplis avec une baisse de 15% de l’empreinte carbone en 10 ans. Le vignoble vise une diminution de 75% de ces émissions à l’horizon 2050 et compte sur les 300 idées d’actions réunies lors d’un forum participatif organisé en juin dernier avec les opérateurs champenois, leurs fournisseurs et prestataires.
Reste que, le changement climatique est insaisissable, a souligné Jean-Marc Jancovici, de Manicore, qui a tenu un discours de franchise. « C’est comme l’expérience de se marier : on ne sait pas ce que le couple deviendra dans 20 ans. Nous sommes en train de faire une expérience inédite. Nous devons décider dans un univers incertain. Nous savons que quelque chose est en train de se produire. Cette chose nous ne l’a connaissons pas, il faut s’en convaincre ». En clair : il s’agit de gérer un risque inconnu avec des moyens connus.