C’est le Sud en Touraine. On a 36°C et le sirocco, c’est incroyable » témoigne Philippe Gabillot, conseiller à la Chambre d’agriculture d’Indre et Loire. D’après le Bulletin de Santé du Végétal du Centre-Val de Loire, les températures moyennes de l’été sont supérieures à la moyenne des 30 dernières années de 2 à 2,5°C de Chinon à Quincy, alors que les pluviométries affichent jusqu'à 100 mm de déficit depuis le 1er juillet.


Les vignerons ont commencé à vendanger le cot il y a quelques jours. « Le cépage a bien résisté à la canicule. Ce n'est pas le cas des cabernets qui souffrent énormément depuis une semaine. Les grappes ont perdu 30% de leur poids, le taux d’alcool probable a pris 3 points. Tant pis si la maturité phénolique n’est pas atteinte, il faut tout vendanger » prévient Philippe Gabillot. « Et, à l’idéal, dès 2 heures du matin. »
Face à une maturité des baies très hétérogène, le conseiller préconise une extraction toute en douceur. « Il faut refroidir les cuves et les laisser tranquillement infuser pour éviter les notes végétales. La couleur et la structure vont venir facilement des baies à 13 voire 15 degrés potentiels » indique-il.
S’il a aidé des vignerons à vinifier sans soufre au début des vendanges, il leur conseille désormais de sulfiter. « Les fermentations malolactiques démarrent très vite, attention aux piqûres lactiques ! »
Malgré tout, le millésime a un très beau potentiel. « Mais c’est un millésime méridional, qui demande aux vignerons de l’agilité. »
Comme dans le Val de Loire, les cabernets bordelais présentent encore souvent d’épaisses pellicules et des tanins astringents. Mais ils souffrent beaucoup moins de la chaleur. « Les jeunes plantes ont parfois perdu des feuilles mais la vigne a globalement bien tenu grâce aux pluies du printemps et de la fin août » rapporte Antoine Samenayre, œnologue au laboratoire Oenoconseil.
Partout dans le vignoble, le merlot a commencé à être vendangé cette semaine. « Il est un peu tôt pour vraiment mesurer l’impact de la sécheresse sur le rendement, mais les baies ont une taille correcte. En quantité comme en qualité on s’attend à un joli millésime en rouge » assure Antoine Samenayre.


La seule inquiétude de l’œnologue concerne la production de liquoreux. « Le vignoble de Sauternes n’est pas plongé dans la brume le matin et le botrytis a du mal à s’implanter » relate-t-il. Certains vignerons ont réalisé une première trie début septembre. Ils doivent désormais patienter.
Si les vignerons ligériens tardent encore à vendanger, les vers de la grappe s’en chargeront. « Nous assistons à une pression inédite de la 3ème génération d’eudémis, notamment à l’Ouest de l’Indre et Loire » rapporte Philippe Gabillot, à la Chambre d’agriculture. « On a un risque de pourriture très important au moindre revirement de la météo. Je me répète, il faut vendanger maintenant ! »
A Bordeaux, l’état sanitaire reste toujours très bon. « Dans le Médoc, les vignerons sont très sereins sur l’évolution du petit verdot et du cabernet sauvignon dans les 15 jours à venir » assure Antoine Samenayre, au laboratoire Oenoconseil.