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Deux vignerons bordelais parient sur le zéro résidu de pesticide
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Défi technique et diversification commerciale
Deux vignerons bordelais parient sur le zéro résidu de pesticide

Faisant face à une pression mildiou inédite, ces deux viticulteurs de l’Entre-deux-Mers tentent d’obtenir le label ZRP sur leur millésime 2020 pour obtenir de nouvelles valorisations auprès de leurs négociants.
Par Alexandre Abellan Le 22 juin 2020
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Deux vignerons bordelais parient sur le zéro résidu de pesticide
« Cette première année permet d’essayer le cahier des charges en se donnant la possibilité de déverrouiller les produits nécessaires si la pression est trop forte. On corrigera si nécessaire pour réussir en 2021 » note Eric Etienne. - crédit photo : Vignobles Etienne
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oisins dans l’Entre-deux-Mers, les vignerons Eric Etienne (à la tête des vignobles Etienne, 65 hectares d’AOP Bordeaux à Cleyrac) et Bernard Tabouy (vignobles Tabouy, 84 hectares de vignes à Pellegrue) partagent le même terroir, le même conseiller technique et le même défi pour le millésime 2020 : obtenir la labellisation Zéro Résidu de Pesticides (ZRP). Déclinée en 2019 dans le vignoble par le collectif Nouveaux Champs*, cette démarche de viticulture raisonnée « impose une obligation de résultat, plus intéressante que d’autres labels » estime Eric Etienne, qui compte produire sous label ZRP 3 000 hl de vin rouge et 3 300 hl de vin blanc. Certifié Haute Valeur Environnementale (HVE) depuis 2018, le vigneron souhaite avec cette nouvelle démarche durable « aller au maximum dans limitation résidus et usages phytosanitaires, sans passer le cap de la certification bio. Je ne me sens pas capable d’y aller avec ma surface, ni avec l’engagement personnel et l’investissement matériel que cela implique. » Le ZRP est une « démarche personnelle pour pouvoir vendre un produit issu de lutte raisonnée » confirme Bernard Tabouy, qui table sur 4 300 hl labellisés.

Pression mildiou

Techniquement, les deux vignerons tendent vers l’objectif zéro résidu par la gestion plus fine de l’usage des phosphonates (deux traitements maximum autorisés en ZRP) et la non-utilisation de Fosétyl-Al (interdit en ZRP, car trop traçant). Les autres modalités du cahier des charges ont été simplifiés par le faut que tous les deux ont arrêté depuis deux ans l’usage de pesticides classés Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) et depuis une dizaine d’années les anti-botrytis. Le défi de la labellisation 2020 en ZRP reste la gestion de la forte pression de mildiou.

« Ça va être difficile de maintenir notre objectif. Il n’est pas certain d’obtenir le ZRP même en faisant en sorte de ne pas employer certains produits. On verra à l’analyse des jus » rapporte Bernard Tabouy, qui espère ne plus avoir qu’un traitement antimildiou à faire, comme « d’ici 8 jours les grappes ne seront plus sensibles ». Même prudence pour Eric Etienne, qui indique utiliser « des produits pénétrants au lieu de [fongicides] systémiques au fosétyl-Al. J’utilise aussi plus de cuivre pour la protection de contact. »

Démarche innovante

Commercialement, les deux exploitants espèrent réussir à valoriser le fruit de leurs efforts environnementaux auprès de leurs acheteurs, dans les deux cas des maisons de négoce. « Il faut se différencier, je prends de l’avance par rapport aux autres. La HVE c’était bien, mais tout le monde l’est maintenant » estime Bernard Tabouy.  « Aujourd’hui on produit plus que l’on n’est capable de vendre en Bordeaux. Si l’on ne s’inscrit pas dans une démarche innovante, ce sera toujours plus dur. L’idéal c’est le bio pour une petite structure » estime Eric Etienne, qui enregistre une diminution de 20 à 30 % diminution de ses cours, mais estime limiter la casse grâce aux médailles. Aussi coûteuse qu’une participation à un concours, l’adhésion au ZRP est proportionnelle au chiffre d’affaires de l’entreprise (de 2 500 à 15 000 euros/an), à laquelle s’ajoute une cotisation à hauteur de 1 % du chiffre d’affaires généré par sa vente (ainsi que les coûts d’audit et d’analyses).

Malgré ce coût, « je crois fort au ZRP, on ne trompe pas les consommateurs. Il manque plus de personnes qui y adhèrent pour que ce soit plus visible » estime Bernard Tabouy. Très développé sur les fruits et légumes, le label ZRP a justement pour ambition de s’étendre dans le vignoble en 2020. Mais « le double contexte Covid-19 et crise économique sur le bordelais a ralenti certaines autres adhésions. Nous pensons continuer à nous développer régulièrement sur cette filière » explique Julie Sabourin, la responsable du label ZRP pour le collectif Nouveaux Champs (basé à Marmande).

 

 

* : Sont adhérentes depuis l’an dernier les caves coopératives de Buzet (Lot-et-Garonne), de Robert et Marcel (Saumur) et de Tutiac (Bordeaux), et depuis 2020 le domaine Uby (Côtes de Gascogne).

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