ans le vignoble français, « nous sommes dans une période intermédiaire où l’on se sépare de la chimie. Le désherbage et les traitements systématiques, c’est fini, il faut observer » constate Bernard Pineau, le responsable de la viticulture durable des maisons Martell Mumm Perrier-Jouët (MMPJ, filiale de Pernod-Ricard). S’inscrivant dans les objectifs de développement durable pour 2030 du groupe Pernod Ricard, MMPJ compte implanter dès 2021* des projets pilotes d’agriculture régénératrice et de biodiversité sur ses vignobles en propre (430 hectares à Cognac et 260 ha en Champagne).
« Pour trouver notre modèle, nous cherchons le meilleur de ce qui peut exister dans la bio, la biodynamie, l’agroforesterie… On ne s’interdit rien » pose Bernard Pineau, qui souhaite réduire les intrants chimiques sans « se limiter au bio, trop dépendant du cuivre ». L’animateur en développement durable du réseau MMPJ est actuellement en pleine recherche d’experts et d’expériences, allant des essais de la cave Buzet à des vignerons biodynamie en Sancerre.
MMPJ précise cependant ne pas partir d’une feuille blanche, se passant sur ses vignobles depuis 5 ans des phytos Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxique (CMR), depuis 2019 du glyphosate chez Martell et depuis 2020 chez Mumm et Perrier-Jouët. Ces vignobles accueillent également des essais de désherbages alternatifs (électrique, à la mousse, à la pression d’eau…), un programme de création variétale à Cognac (à partir du Vidal blanc), des inventaire de biodiversité, une utilisation croissante de biocontrôles (dont le traitement du mildiou avec la solution d’algues Immunrise), le déploiement de panneaux récupérateurs pour la pulvérisation…
« Nos vignobles sont des terrains d’essai pour nos partenaires viticulteurs. Nous sommes plus crédibles quand nous nous imposons les contraintes que nous demandons à d’autres » souligne Bernard Pineau. Menant ses travaux en partenariat avec les 2 000 partenaires viticulteurs champenois et charentais de MMPJ, le technicien compte mettre en place des pratiques déployables et adaptées à chaque exploitation. « Nous ne pouvons pas imaginer un système qui ne soit pas viable. Dans les AOC Champagne et Cognac, il faut produire un certain rendement, ce qui n’est pas facile en viticulture durable » pointe Bernard Pineau, qui reste confiant dans la capacité d’évolution des pratiques vitivinicoles. « C’est un travail de longue haleine, on ne peut pas avancer trop vite sans avoir de modèle robuste » conclut-il.
* : L’objectif du groupe Pernod-Ricard est d’implanter des projets pilotes d’ici 2025 sur ces huit vignobles. Soit Argentine, Australie, Californie, Champagne, Chine, Cognac, Nouvelle Zélande et Rioja.