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Les défenses naturelles plus élevées pour les vignes en biodynamie
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Encore fallait-il le prouver
Les défenses naturelles plus élevées pour les vignes en biodynamie

Au-delà des controverses, des essais alsaciens permettent de comparer scientifiquement les impacts biologiques des pratiques conventionnelles et biodynamiques.
Par Alexandre Abellan Le 20 février 2019
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Les défenses naturelles plus élevées pour les vignes en biodynamie
Les vignes en biodynamie ont un feuillage plus jaune (à gauche) que celui des vignes en conventionnel (à droite) rapportent les chercheurs alsaciens. - crédit photo : INRA Colmar
«

 Les défenses naturelles sont plus élevées dans les vignes conduites en biodynamie, quel que soit le climat et la pression de pathogène » pose Jean Masson, directeur de recherches à l’Institut National de la Recherche Agronomique de Colmar. Celui-ci tire cette conclusion des résultats de suivi des teneurs en métabolites secondaires et des expressions de gènes d’immunité sur quatorze parcelles de pinot noir de 2014 à 2017, pour 30 hectares de vignes, plantées sur SO4 et conduites par huit vignerons en conventionnel et trois producteurs en biodynamie. Publiée dans la revue Scientific Reports, cette étude alsacienne a l’ambition de corriger un déficit de connaissance : « il n’y avait pas de résultats scientifiques concernant les effets de la viticulture en biodynamie contre le mildiou et l’oïdium. De même, on ne sait pas pour la viticulture conventionnelle si les pesticides de synthèse ont un effet dépressif ou stimulant sur les vignes » explique le chercheur, qui n’a pas encore de réponse à cette dernière interrogation.

Charges et symptômes

Pour cet essai (sans vigneron bio), tous les viticulteurs suivis traitent au soufre et au cuivre, les conventionnels ajoutant des fongicides de synthèse, quand ceux en biodynamie déploient des préparations organiques et minérales. Comme on pouvait s’y attendre, la charge en mildiou et oïdium des vignes suivies était plus forte pour celles en biodynamie que celles en conventionnel (respectivement 51 % et 22 % de plantes infectées en moyenne de 2014 à 2017). Mais « dans tous les cas, aucune des feuilles collectées ne montre de symptômes visibles, comme une surface poudreuse ou de taches d’huile. Les deux systèmes parviennent à stopper l’infection » souligne l’étude, qui repose sur une détection moléculaire précoce du mildiou et de l’oïdium (l’étude des gènes de défense et des métabolites secondaires permettant de capter la réponse des vignes aux maladies deux à trois semaines avant l’expression de symptôme).

Si les feuilles sont indemnes, elles n’ont pas les mêmes aspects selon les modes de culture. Les vignerons en conventionnel n’hésitant pas à se moquer des teints jaunâtres et maladifs du feuillage en biodynamie. Ayant analysé la composition des feuilles de 2015 à 2017, les scientifiques notent que les taux de chlorophylle sont plus élevées sur les vignes conventionnelles (témoignant d’une meilleure activité photosynthétique), tandis que les concentrations en anthocyanes et flavonols sont plus importantes en biodynamie (marquant une réponse au stress, qu’il soit climatique ou fongique). Ces données sont confirmées par des mesures de l’expression des gènes des défenses, qui est deux fois supérieures pour les vignes en biodynamie sur la période 2014-2016. « Tout particulièrement lors de stress liés au dérèglement climatique » précise Jean Masson.

Recherche participative

Cette publication et ces résultats sont la partie émergée du travail d’un Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental (GIEE) sur le changement de pratiques au vignoble, qui réunit 25 viticulteurs alsaciens (sur la commune de Westhalten). Suivant une méthode de recherche-action-participative, les chercheurs souhaitent ainsi valoriser les savoirs et réflexions des praticiens pour mieux les faire diffuser dans le vignoble. Si les scientifiques ont récolté les données de 2014 à 2017, ils ne les ont pas analysés seuls. Pour arriver aux conclusions publiées par l’étude, les parties prenantes se sont réunies pendant une journée pour débattre des résultats observés. Et arriver à la conclusion que les défenses naturelles de la vigne sont plus élevées en biodynamie.

« Il n’y a par contre pas d’éléments permettant de trancher sur les causes. Pour savoir si la biodynamie a un effet positif ou si c’est le conventionnel qui a un effet négatif » souligne Jean Masson. Ses prochains travaux vont se pencher sur la temporalité de ces phénomènes, notamment pendant les phases de conversion et de passage d’une viticulture à l’autre. Cette prochaine étape sera étudiée avec de nouveaux vignerons, douze de Dambach la Ville et 22 de Suisse, qui sont en conventionnels, en bio et en transition (vers la bio ou la biodynamie).

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Tous les commentaires (9)
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Anne H?cique Le 14 février 2020 à 13:52:08
Belle étude (Mix de techniques innovantes de génomique et de science participative), qui a le mérite d’exister, mais dont on attend la suite promise avec intérêt, car on peut remarquer en fouillant un peu dans les annexes : Que si l'on regarde dans les liens-sources les données , pourtant peu abondantes sur le(s) sol(s), essentiels dans ce type d'essai, on constate que les différences entre les sites (médianes ce qui réduit encore l’information) sont plus que notables et impossibles à attribuer aux pratiques culturales: exemple du pH 8.5 (très élevé, très groupés, ce qui suggère des sols tous calcaires) pour le conventionnel contre 6.9 (neutre, mais avec un fort écart médian de 1.5 ce qui suggère qu’il y a à la fois des sols acides et calcaires) pour la biodynamie, 5 points de plus d'argile et même un peu plus de MO pour le conventionnel . Le simple chiffre du pH conditionne énormément de facteurs induits : abondance et disponibilité différentes des éléments dans le sol comme on le constate dans le tableau: calcium, fer, manganèse , cuivre, etc., impliquant sans trop de doute des "réponses" de la vigne différentes. Ces chiffres « sols » suggèrent en fait des contextes naturels bien différents, ce qui est très gênant en matière d’essais agronomiques, mais on a aucune précision sur la topographie ni sur la géopédologie des 14 parcelles. Nulle part (sauf erreur) je n'ai trouvé de détail sur les rendements (en raisin) qui peuvent aussi contribuer à modifier la physiologie des plantes, tout autant que le fait que "les attaques de mildiou ou d'oîdium soient plus fortes" (donc les réponses plus nettes en BD). Il n'est largement pas étonnant qu'on trouve des différences entre les deux lots. Enfin comme il a été déjà noté, comparer biodynamie et conventionnel n'a guère de sens évidemment . Il faudrait faire la comparaison avec les pratiques biologiques "non steineriennes" pour montrer que la biodynamie a une action réelle, et pas que sur la communication ou sur la concentration des vignerons. L'auteur lui-même rappelle en 2019 qu'« "à ce jour, aucune étude scientifique n’a montré d’avantage de la biodynamie par rapport au bio classique » Le résumé Vitisphère me semble donc quelque peu enthousiaste par rapport au contenu factuel du travail, de même que les nombreux blogueurs qui y font référence, faute d’autre grain à moudre sérieux.
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fradu Le 10 mars 2019 à 19:08:55
Cette etude est intéressante mais je crois que la recherche appliquée devrait s'attacher à répondre à la question que tout le monde se pose depuis Steiner. Non pas comment marche la Biodynamie mais est ce que les préparations dynamisées en grande dilution sont plus efficaces que les memes préparations non dynamisées à doses normales ? Il y va de la crédibilité de la Biodynamie par rapport à l'AB. Cela suppose un essai comparatif sur plusieurs millésimes de deux parcelles séparées sur un terroir identique, meme cépage et porte greffe et toutes choses égales par ailleurs. Et il serait heureux que cet essai grandeur nature se fasse à Bordeaux où la pression du mildiou est l'une des plus fortes de France. Franck Dubourdieu www.bordeauxclassicwine.fr
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Michel_C Le 05 mars 2019 à 06:33:40
Article intéressant. Dans le prolongement de cet article très intéressant. L'action des zéolites et du carbonate de calcium ont démontré sur des essais sur deux vignobles à Mercurey, l'effet bénéfique sur les vignes. Meilleurs rendement de brix, moins d'impact du mildiou ou de l'oïdium, étude du pole vitipole de bourgogne est disponible sur demande. Nous faisons une conférence en moselle, ce samedi 9 Mars 15h00 à Freyming Merlebach. Le thème la biodiversité, les plantes pour une production naturelle et saine pour l'environnement. A disposition pour une discussion sur nos essais prometteurs sur la vigne avec nos produits.
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Vitialsace Le 03 mars 2019 à 18:12:30
Cette étude me paraît très intéressante rapprochons les différentes formes de viticulture avec de la science pour comprendre la mise en place des mécanismes naturels de défense de la vigne. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.
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Zinnkoepfle Le 27 février 2019 à 19:28:06
en biodynamie les défenses naturelles sont plus élevées dans des plantes saines indemnes de mildiou oidium et de virus! et cette différence devient plus grande lorsque les pathogènes sont là
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P. Charon Le 25 février 2019 à 14:50:49
Si je me suis permis de reformuler un titre c’est uniquement celui de l'article de vitistphere qui déforme les résultats de l'etude. Celui de l'article complet : "Responses to climatic and pathogen threats differ in biodynamic and conventional vines" que l'on peut traduire par : "Les réponses au stress climatique et aux attaques de pathogènes sont différentes entre les vignes conduites en biodynamie et en conventionnel" reflète réellement le contenu de l'étude. Cet article est d'ailleurs très bien écrit et les auteurs soulèvent eux-mêmes le problème de ne pas avoir trouvé d'exploitation en bio pour leur étude. Cela se comprend bien vu l’importance de la biodynamie en Alsace mais c'est effectivement un énorme biais.
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Zinnkoepfle Le 25 février 2019 à 09:24:56
et si les réactants à l'article de vitisphère lisaient la publication en entier (ce que j'ai fait) pour laquelle le lien est donné, ils verraient que leurs remarques sont 'un peu rapides' et prétendre donner un titre à quelque chose qu'on ne connait est du coup assez choquant! Lire, écouter, se renseigner...ça aide....
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Jean Le 23 février 2019 à 21:32:23
Bonjour Deux biais : Premierement pas de vignerons juste en bio pour comparer convetionnel bio et biodynamie.... mais pourquoi ? Les adeptes vont dire que ce sont les principes de steiner et ses préparations ésotériques qui fonctionnent... alors que se sont sans doutes des mécanismes agronomiquement vérifiables et liés à des pratiques "simplement" biologiques qui sont à l'oeuvre. Deuxièmement la production de simulateurs des défenses naturelles n'est elle pas d'abord liée en réponse à un stress ? Si plus de maladies dans le milieu = plus de simulateurs ? Encore une fois une étude qui ne réconcilie personne et ne tranche rien.
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P. Charon Le 21 février 2019 à 12:34:51
Je voudrais souligner la conclusion : « Il n’y a par contre pas d’éléments permettant de trancher sur les causes. Pour savoir si la biodynamie a un effet positif ou si c’est le conventionnel qui a un effet négatif » qui rappelle qu'il faut être prudent sur ce qui est une cause et sur ce qui est une simple corrélation mais quand même...le titre "Les défenses naturelles plus élevées pour les vignes en biodynamie" fait un raccourci qui renforcera l’opinion des adeptes de la biodynamie qui y verront forcement un lien de causalité directe. Est-ce que la seule causalité directe ne serait pas : plus d'infection donc plus de réponse de la vigne qui va produire anthocyanes et flavonols ? Donc si je reformule le titre, il est certes moins accrocheur mais plus rigoureux scientifiquement : "Les vignes traitées en biodynamie subissent des infections fongiques plus importantes et voient donc leurs défenses naturelles plus stimulées"
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