Pour sortir un nouveau type de Cognac, nous avons pris la tangente et associé une barrique à une eau-de-vie pour créer une typicité particulière » résume le distillateur et éleveur Jérôme Tessendier. Basée à Cognac, la distillerie Tessendier & Fils vient de dévoiler le résultat de ses expérimentations : le Cognac Park Borderies Mizunara. Soit un VSOP des Borderies, vieilli quatre ans en tonneaux de chêne français, qui a fini son élevage avec un passage de six mois dans des fûts neufs de chêne Mizunara, une essence japonaise rare. « Apportant des notes végétales et de la sucrosité, le Mizunara imprègne l’eau de vie et la transforme » analyse Jérôme Tessendier, qui veut s’inscrire dans la tendance des spiritueux secs et puissants, mais pas agressifs (malgré 43,5 degrés d’alcool).
Ce finish dans une barrique n’ayant pas contenu d’autre alcool que du Cognac permet à cet assemblage original de conserver l’appellation Cognac. Comme la cuvée American Oak de Bach Gabrielsen (eaux-de-vie vieillies deux ans dans du chêne français, puis six mois sous chêne américain), mais contrairement au Blue Swif de Martell (le finish se faisant dans des fûts ayant contenu de bourbon américain). « On est bien dans les clous » souligne Jérôme Tessendier, rassuré par « la meilleure expression de la réglementation sur ce que l’on peut peut faire pendant l’élevage des cognacs. Cela ouvre des opportunités d’innovations et de nouveaux marchés aux PME. »
Demandée à l’export (États-Unis, Russie, Chine… et même Japon), cette édition limitée vise en priorité les cavistes français. S’implantant dans le réseau traditionnel grâce à son rhum (Saison Rum), les cognacs Tessendier comptent utiliser leur cuvée Mizunara comme un accélérateur d’image sur le marché domestique. « Grâce à la nouveauté, on veut amener le consommateur qui ne connaît pas Cognac dans son giron » explique Jérôme Tessendier. Privilégiant un goût marqué et innovant, l’approche du distillateur lorgne clairement vers les spiritueux à la mode (du « single barrel » au « single cru »).
Iconoclaste à Cognac, ce positionnement fonctionne alors que les 2 250 exemplaires de l’édition limitée Mizunara ont été prévendus en quelques semaines (pour un prix de vente consommateur de 60 euros). Prévoyant un deuxième lot à la rentrée, le distillateur compte se restructurer pour augmenter sa production. La demande forte pour ce cognac s’accompagne d’une liste d’attente, comme celle qui existe pour obtenir un fût de Mizunara (4 à 5 fois plus cher qu’un fût français).


« Cognac est assis sur une riche histoire et avec ces innovations il y a la crainte d’ouvrir une boîte de Pandore que l’on regrettera… Mais on enlève des tabous, le monde des spiritueux est en pleine révolution, il serait dommage que Cognac reste à quai » estime Jérome Tessendier.
Pour porter un message simple, la collection Cognac Park fait le choix de la sobriété, avec des étiquettes blanches et épurées.