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l souffle comme un vent de récolte sur le vignoble. Si les premières vendanges sont lancées dans le Midi, elles sont endeuillées dans l’Aude par un incendie dévastateur qui ravive le sentiment d’abandon des vignerons : les alertes sur les conséquences de la désertification de ce littoral n’ont pas manqué, avec des appels à la restructuration de ce vignoble face au changement climatique qui n’ont pas été entendues. Ouvertes par le premier ministre, des pistes de travail pour maintenir le vignoble dans les Corbières afin de bénéficier d’un coupe-feu naturel doit encore se concrétiser, alors que dans ce gouvernement la ministre de la Transition Écologique ne semble plus croire à l’avenir de la vigne sur la zone. De quoi chauffer le mécontentement de la filière vin dans le Midi qui est frappée depuis de trop longues années par une crise multifactorielle (climatique, économique, géopolitique, sociologique…). Il y a urgence à éteindre l’incendie avant qu’il n’embrase tout l’édifice viticole et ne laisse que des cendres impossibles à remonter.
Mais il ne faut pas croire que l’impatience pour obtenir des mesures de crise rapides et financées soit exclusive à un Languedoc-Roussillon frappé par les flammes : le feu couve même dans les vignobles connaissant un millésime plus favorable. Si des orages de grêle ont frappé aussi violemment que localement des parcelles et que la pression sanitaire est restée forte sur des pans du Sud-Ouest, ce millésime 2025 apparaît, globalement et jusqu’ici, comme un millésime d’accalmie. Si des craintes de stress hydrique émergent çà et là, avec une vague de chaleur annoncée, le potentiel qualitatif est prometteur tandis que la quantité reste à affiner. La principale incertitude reste commerciale : comment réagiront les marchés après la vendange alors qu’ils semblent toujours atones et que les taxes américaines montées à 15 % risquent de créer une vague de volumes déséquilibrant encore plus des marchés en tension. Les difficultés économiques s’accentuant dans tous les vignobles, les colères éclatent désormais là où on ne les attend pas. Comme le montre la torpeur estivale secouée par des mobilisations inhabituelles, tels le rassemblement de la Coordination Rurale devant le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et la manifestation en Anjou contre les bas prix annoncés par Ackerman (groupe Terrena). S’il est rare de mobiliser des vignerons bordelais pour manifester, il semble inédit de voir des producteurs angevins battre le pavé. Sans oublier les manifestations vigneronnes du samedi 12 juillet chez Lidl à Bordeaux et du mercredi 18 juin chez Aldi en Gironde, dans le Gard et dans le Vaucluse. Ce sont des signaux certes faibles, mais qui doivent alerter sur la montée d’une colère qui gronde et qui fronde partout.
Plus que l’été, ce sera l’après vendange qui sera chaud dans le vignoble. La base viticole bout, ses représentants sentent le couvercle prêt à voler sous la pression. Des mesures de sortie de crise ayant été demandées par les représentants du vignoble, il tient désormais à l’exécutif de ne pas lambiner : si les viticulteurs ont tous les ans des demandes de soutien, ils sont vraiment et complétement en difficulté actuellement. L’impression d’une impasse de fin de cycle accentue l’impatience de moyens fermant les incertitudes. La filière étant désemparée par tout ce qu’elle ne peut pas contrôler aux États-Unis, en Russie, en Chine… Il est difficile de se fixer un cap quand tout peut changer commercialement du jour au lendemain : jusqu’ici, le vin subit plus qu’il ne peut orienter et tenir sa stratégie. Des réponses sont nécessaires pour calmer le feu, le pompier ne pouvant pas être pyromane.
