lors que le feu ravageant l’Aude depuis ce mardi 5 août est annoncé fixé ce jeudi 7 août par la préfecture après avoir tué une femme, blessé 18 personnes et calciné 16 000 hectares (dont 2 000 ha de terres agricoles), un autre feu couve : celui de l’incompréhension entre la filière vin et les représentants politiques. « Au lieu de nous aider à maintenir nos exploitations, on nous a poussés à les arracher. Quand il y a de la vigne, ça freine l'évolution du feu parce qu'il n'y a pas de combustible, au contraire d'une friche » rapporte le viticulteur Christophe Camus sur FranceInfo,


« Ce viticulteur a raison. Lorsqu'on a des friches, elles sont plus fragiles au regard d'un incendie » valide dans un premier temps la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, remettant ensuite en cause l’avenir viticole de la zone : « la difficulté que nous avons aujourd'hui, c'est que les cultures d'hier ne fonctionnent plus sur ce territoire. Il faut penser l'agriculture de demain et regarder ce qui a le plus de chances d'être résilient et de correspondre aussi à une demande des consommateurs. Il ne faut pas planter pour planter et produire pour produire, mais nourrir des populations avec des productions qui sont utiles au pays. »
Serait-ce un couac ministériel alors que le premier ministre, visitant mercredi 6 août l’Aude, ouvrait un plan d’adaptation du littoral méditerranéen aux défis climatiques futurs en se basant sur l’activité viticole ? En tout cas, pour le négoce languedocien, cette vision d’un avenir audois sans vigne esquissée par Agnès Pannier-Runacher est nulle et non-avenue. Dans un rare communiqué, l’Union des Entreprises Vinicoles Méridionales (UEVM) réagit aux propos de la ministre en déclarant que « la vigne est une solution indispensable à la résilience du territoire » alors que le bilan de l’incendie choque : « cet évènement témoigne d’une chose : la déprise viticole a un coût, en premier lieu écologique ».


Président de l’UEVM, Jean-Claude Mas pose que « la vigne est une filière d’avenir dans le nouveau climat méditerranéen. C’est l’une des cultures les plus performantes dans l’utilisation de l’eau. » Pour lui, « quelle autre culture à haute valeur ajoutée peut-elle se prévaloir d’être aussi frugale ? » Sachant qu’au-delà de l’adaptation climatique, il faut tenir compte de la construction de valeur économique : « il est moins coûteux de pérenniser une filière d’excellence exportatrice nette que d’en construire une nouvelle. Appuyons-nous sur nos atouts, sur nos ressources et soyons en fiers »
Soulignant que « l’Aude est aux premières loges du changement climatique (avec la baisse significative de la pluviométrie, la sècheresse des sols, la hausse des températures moyennes, la multiplication des vagues de chaleur…) », l’UEVM pointe que « la culture de la vigne fait partie des solutions économique et écologique pour l’adaptation du territoire face au changement climatique. » Les pratiques culturales évoluant pour adapter la viticulture à la nouvelle donne climatique, ainsi qu’aux nouvelles consommations. Les leviers étant les cépages, les porte-greffes, les modes de conduite, les nouvelles technologies… Sans oublier l’irrigation. Le tout afin de maintenir les activités viticoles et sa valeur ajoutée. D’autant plus que « la vigne qui structure et magnifie nos paysages depuis des millénaires remplit aussi une mission de coupe-feu en cas d’incendie » pointe Jean-Claude Mas.