a sinistre avancée de l’historique incendie de l’Aude qui frappe depuis le mardi 5 août le vignoble des Corbières et la visite du premier ministre, François Bayrou, ce 6 mercredi août auront eu le mérite de ramener les projecteurs sur les enjeux de l’évolution climatique, du manque d’eau et du rôle essentiel de coupe-feu du vignoble en zone méditerranéenne. Face au chef du gouvernement venu s’informer de la situation au poste de commandement de Saint-Laurent de la Cabrerisse, un groupe de représentants viticoles départementaux a martelé l’urgente nécessité d’un soutien de l’Etat à la filière viticole pour maintenir cette activité dans le département.
« Vous avez le choix aujourd’hui, de laisser un désert à la place des vignes. Sans la viticulture, le tourisme ici ne marche pas », avait au préalable asséné Xavier de Volontat, maire de Saint-Laurent de la Cabrerisse, vigneron au château Les Palais et ancien président des Vignerons indépendants de France. Installé à Fitou sur son domaine d’où il voit le front du feu à quelques kilomètres, son homologue et actuel président des Vignerons Indépendants, Jean-Marie Fabre utilise la caisse de résonnance de cet incendie pour remémorer le projet de « laboratoire viticole climatique pour les Corbières et le littoral» porté de longue date par sa confédération nationale.


« Je le prends comme un engagement et nous vous prenons au mot » a d’ailleurs adressé Jean-Marie Fabre au premier ministre après que celui-ci ait annoncé « un plan d’ensemble à réfléchir et mettre en place avec vous, les professionnels, ainsi que les élus locaux, pour apporter de l’eau au territoire. Les Corbières pourraient être le laboratoire de ce grand plan ». Rappelant la nécessité « d’un plan Marshall méditerranéen massif où la France doit être leader », Jean-Marie Fabre a vu le premier ministre déclarer que «partout où il y a de la vigne, nous pouvons voir que l’incendie a été arrêté, nous devons redéfinir un avenir pour la vigne à travers ce plan ». François Bayrou a également rappelé tout la place de la vigne dans l’adaptation au changement climatique et les risques d’incendie qu’il génère « car partout où on laisse les friches s’installer et les cultures comme la vigne reculer, c’est une voie préférentielle pour les incendies ».


Le vice-président du syndicat des Vignerons de l’Aude Franck Saillan a rappelé combien l’accès à l’eau était au centre des préoccupations du territoire « mais tout de suite car l’eau, il la faudra aux viticulteurs du secteur l’année prochaine, pas dans dix ans », tout en soulignant l’intérêt des aides de compensation pour handicap naturel dans ces zones arides où la vigne s’oppose aux incendies. A ses côtés, Baptiste Cabal, jeune président de la cave coopérative du Cellier des Demoiselles à Saint-Laurent de la Cabrerisse, avait au préalable interpellé le Premier Ministre : « Nous sommes à terre, après avoir perdu une bonne partie du vignoble, et en plus nous allons perdre le tourisme, les paysages. On nous emmerde avec le glyphosate, alors qu’on voit qu’une vigne propre et désherbée est le meilleur des coupe-feu ».
Même sans contact direct avec les flammes, les grappes qui se vident sous l'effet de la chaleur générée par l'incendie - DR Le Cellier des Demoiselles