Ce méga incendie dans les Corbières me touche au plus profond de mon âme ! » Enfant du pays, le vigneron et négociant Gérard Bertrand partage sur Linkedin son affliction face au bilan qui s’alourdit toujours plus de l’incendie s’étant déclaré ce mardi 5 août à 16h15 sur la commune de Ribaute (Aude). D’après la préfecture ce 6 août à 19 heures, l’incendie a causé un mort et quatorze blessés (civils et sapeurs-pompiers), a mobilisé 2 100 pompiers et « a déjà parcouru plus de 16 000 hectares et traversé 15 communes » avec une vitesse inédite dévastant paysages et vignobles. « Cette terre du pays cathare était un trésor et un repère de biodiversité et de nature préservée ! » témoigne Gérard Bertrand, pointant qu’au-delà du changement climatique, l’origine de ces feux incontrôlables vient aussi de « la semi-aridification de la bande littorale allant de Sète à Perpignan. Cette zone agricole, viticole et touristique a été délaissée par négligence et par manque d’ambition ! »
Portant depuis des demandes d’accélération du raccordement du vignoble occitan à des moyens d’irrigation, Gérard Bertrand estime que sur la zone « l’eau est le facteur limitant, car son manque a accéléré le processus d’arrachage des vignes si importantes pour être de vrais coupe-feu. Le manque d’eau a aussi réduit les rendements agronomiques et conduit certaines exploitations à stopper leurs activités, sans trouver de repreneur ! » Figure du vin en biodynamie, Gérard Bertrand écarte les oppositions à l’irrigation, « le Rhône déverse chaque année entre 60 et 70 milliards de mètres cubes d’eau à la mer, alors que nous prélevons 200 millions de mètre cube, soit 0,2% ! Fermez le ban ! » Il martèle que « l’absence de réserve d’eau et de retenus collinaires et la lenteur insupportable de la mise en place du doublement d’Aqua Domitia (raccordement à l’eau provenant du Rhône) afin de dynamiser l’agriculture, la viticulture, le tourisme, l’industrie ont créé les conditions de ce drame écologique et humain ! »
Phénix
Face à son constat, Gérard Bertrand estime que « l’ampleur de ce désastre oblige la région Occitanie et l’État, avec l’aide des professionnels à fixer un plan Marshall pour que les Corbières ressuscitent de leurs cendres et que ce plan fixe un rétroplanning rapide pour amener l’eau dans cette zone en grande souffrance et au-delà sur toute la bande littorale ! » Une demande récurrente dans le vignoble, notamment portée par Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants, et désormais remontée au premier ministre. Réaliser une telle ambition demande des fonds plus que conséquents (« l’investissement à réaliser a été chiffré à 500 millions d’euros »), mais aussi une volonté politique de soutien aux projets agricoles prévient Gérard Bertrand, qui appelle à une reconstruction autant qu’une renaissance : « créons ensemble l’eldorad’eau, une région prospère et qui fait face aux challenges et aux opportunités à venir ! »