’eau : c’est le dossier brûlant dans les vignobles des Pyrénées-Orientales, de l’Aude et de l’Hérault. « Il faut un plan Marshall de l’eau pour le vignoble » résume Alexandre They, le président de la Fédération des Vignerons Indépendants de l'Aude, qui a tenu son assemblée générale ce 10 avril. En ce début de millésime 2024, les vignes commencent à pousser après les dernières précipitations, mais les réserves en eau semblent trop faibles sur le littoral méditerranéen pour tenir la distance. « On est très largement en deçà ce que devrait être. Les pluies amènent un peu d’eau, ce qui permet à la vigne d’attaquer sa croissance de façon un peu contrainte. Les jours qui viennent seront problématiques, il n’y a pas de pluies prévues, les nappes sont vides et si l’on se dirige vers un été contraint en hydrométrie, la plante na pas la réserve d’eau nécessaire pour assurer son propre développement et se mettre en place pour faire les fruits » prévient Alexandre They.
Appelant à lancer rapidement « un grand chantier » structurant l’accès à l’eau dans le territoire, le vigneron des Corbières précise qu’il s’agit de « cadrer et sécuriser l’accès à l’eau, dans un premier temps pour les populations et dans un second temps pour l’agriculture et la viticulture ». Évoquant la piste d’extension du canal du Bas-Rhône, Alexandre They est ouvert à toutes les pistes de raccordement massif du vignoble de l’Aude. « Il faut que toutes les options soient rapidement débattues. Il faut un grand chantier pour l’accès à l’eau allant jusqu’à la frontière espagnole » pointe le président des Vignerons Indépendants, notant que lors de l’AG, le préfet de l’Aude, Christian Pouget, a laissé entendre que le gouvernement pourrait prochainement se positionner sur le sujet. Ce que demandent depuis de longs mois les instances nationales des Vignerons Indépendants de France, via leur président Jean-Marie Fabre.


Demandant d’aller au-delà du soutien aux projets locaux nécessaires (petits raccordements, économie d’eau et mises en réserve), Alexandre They attend le lancement d’« un chantier sur le plus long terme » permettant de se projeter non seulement sur l’aménagement du territoire, mais aussi sur l’appui social et le soutien économique de départements très contraints. Sachant qu’« il n’y a pas une mesure magique pour résoudre les problèmes » rappelle-t-il : il faudra également « travailler sur les variétés qui seront les plus à même d’être résilientes face à la sécheresse, faire évoluer les modes de culture… Il y a tout un tas de facteur à réfléchir. Si à moyen terme l’accès à l’eau est possible, on va vers d’importantes complications dans les années à venir. Je l’ai déjà dit, la priorité est d’abord l’accès à l’eau pour les populations. » Dans sa commune, Montbrun-des-Corbières, le vigneron n’a plus d’eau courante depuis 10 jours.