Les incendies ne sont pas une fatalité », rappellent les membres de la Confédération paysanne de l’Aude, réunis en conférence de presse au château Beauregard Mirouze à Bizanet ce 17 juillet pour demander un « plan multi partenarial ambitieux » visant à sauver les campagnes de la déprise agricole qui accélère la propagation des flammes.
Dénonçant les choix opérés depuis 50 ans par la viticulture audoise ayant conduit « tous les 10 ans des périodes de surproduction, d’arrachages, et de créations de friches devenues de vraies matières à brûler », la Conf’ plaide pour une transformation en profondeur du modèle agricole faisant la place au redéploiement d’un élevage extensif de brebis, de chèvres, voire d’ânes capables de pâturer les hautes collines.
Co porte-parole du syndicat agricole, Yann Vétois imagine aussi voir l’arboriculture et le maraîchage se développer dans le futur maillon Minervois du projet Aqua Domitia. Quoiqu’il en soit, il considère que la monoculture « relativement récente dans la région » n’est plus tenable. « Les caves débordent et on ne peut pas gaver les gens de vin. Les milliers d’hectares arrachés ne doivent pas être replantés en vigne mais la viticulture soutenue dans un modèle moins productif et mieux valorisé localement, avec des paysages repensés, des terrasses réaménagées pour retenir l’eau… »
Yann Vétois invite des personnalités comme Frédéric Rouanet, ancien président du Syndicat des Vignerons de l’Aude, à changer leur fusil d’épaule pour coopérer avec d’autres filières agricoles. « Dans les bons sols, les viticulteurs pourraient produire de la luzerne arrosée une fois pour refaire une coupe de foin destiné aux éleveurs puis planter une céréale à bon rendement. Ils pourraient aussi laisser pâturer des troupeaux dans leurs parcelles en hiver et au printemps. C’est ce que fait le château Beauregard Mirouze depuis 2021 et c’est ce qui lui a permis de résister au feu cette année. » Imaginant un tas de synergies, le co porte-parole encourage tous les acteurs du territoire, « viticulteurs, communes, propriétaires privés, chasseurs… », à négocier des droits d’usage sur des ensembles de terres cohérents pour les éleveurs.
Il y a urgence à agir pour la Conf’. « Si chaque été l’Aude brûle, les touristes ne viendront plus, et la deuxième activité économique du département tombera », alerte encore Yann Vétois, qui appelle à un « partage de l’eau, de la production, de la valeur » et à des soutiens publics renforcés pour rendre possible une agriculture méditerranéenne diversifiée et résiliente.