menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "Jusqu'à quand faudra-t-il compter les morts" de vignerons ?
"Jusqu'à quand faudra-t-il compter les morts" de vignerons ?
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Bordeaux
"Jusqu'à quand faudra-t-il compter les morts" de vignerons ?

En se donnant la mort, le vigneron bordelais Christophe Blanc met à jour les fractures d’une filière vin ne tenant plus qu’à bout de force. Un électrochoc violent appelant à un réveil des institutions.
Par Alexandre Abellan Le 14 mai 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Vigneron bordelais, 'lequel d'entre nous n'a jamais pensé' au suicide pose Didier Cousiney. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives décembre 2022 : Didier Cousiney lors de la manifestation des vignerons de Bordeaux)
C

’est le drame de trop : le suicide du vigneron bordelais Christophe Blanc ce 10 mai à Castillon cristallise le coût humain de la crise économique frappant la Gironde depuis des années. « Ce drame nous rappelle cruellement les difficultés que traversent de nombreux agriculteurs et viticulteurs aujourd’hui : isolement, pression économique, sentiment d’abandon » déclare dans un communiqué Jean-Samuel Eynard, le président de la Chambre d'Agriculture de la Gironde, pour qui « le geste de Christophe Blanc ne peut laisser personne indifférent. Il nous oblige à réaffirmer collectivement l’urgence de mieux accompagner les agriculteurs et les viticulteurs, tant sur les plans humain qu’économique. » Appelant les vignerons fragilisés à s’emparer des outils d’aide économique et d’assistance psychologique à disposition, Jean-Samuel Eynard appelle « les pouvoirs publics, les institutions et l’ensemble de la société à entendre le désespoir du monde agricole et à y répondre avec responsabilité et compassion. Il mérite une attention continue et des réponses concrètes. »

Car la situation se dégrade à grande vitesse, comme en témoignent les procédures collectives qui se banalisent dans la filière vin. « Jusqu'à quand faudra-t-il compter les morts ? » pose frontalement Didier Cousiney, porte-parole du collectif Viti 33, qui ne cache pas sa fatigue entre la mobilisation viticole* et les avancées obtenues : « nous avons proposé des idées : diversification et adaptation du produit aux nouveaux modes de consommation, création de nouveaux produits [comme AOC cru Bordeaux et IGP Bordeaux Atlantique], relocalisation de la valeur. Nous avons mené des actions, parfois dures, mais toujours responsables. Nous avons tiré la sonnette d'alarme du mal être paysan. Et aujourd'hui : rien. » Ou plutôt « rien si ce n'est des vies brisées. Des hommes et des femmes abandonnés. Des familles anéanties. Des viticulteurs qui n'en peuvent plus se donnent la mort » constate amèrement Didier Cousiney, évoquant le mot tabou dans le vignoble : le suicide. Car « la honte est plus forte que la souffrance. La honte de ne plus pouvoir nourrir ses enfants. La honte de ne plus payer ses fournisseurs. La honte d'être le maillon faible d'une chaîne familiale de courage et de travail. La honte de ne plus pouvoir vivre de son métier. Lequel d'entre nous aujourd'hui n'y a jamais pensé ? » pose le porte-parole de Viti 33.

Les aides c'est maintenant, pas dans 6 mois

« Nous avons tenté sans relâche de faire entendre la voix des femmes et des hommes qui cultivent la vigne, qui vivent de la terre, qui nourrissent ce pays » indique Didier Cousiney, pour qui « la seule mesure réellement actée à ce jour, c'est l'arrachage. » Ayant plaidé pour l’arrachage de 10 à 15 000 ha à 10 000 €/ha en 2022, la maire du Pian-sur-Garonne regrette le sous-dimensionnement de la mesure (en 2025 il y aura eu l’arrachage de 8 600 ha avec l’outil sanitaire bordelais à 6 000 €/ha et 4 200 ha avec le dispositif nationale définitif à 4 000 €/ha). Pour Didier Cousiney, il y a « trop peu de surfaces concernées à ce jour, des indemnisations insuffisantes, des contraintes inacceptables. » Pour aider le vignoble, il faut en urgence « lâcher la grappe fiscale et sociale, reporter les emprunts en fin de tableau avec des intérêts à la charge de l’Etat » plaide-t-il, martelant que « les aides c'est maintenant, pas dans 6 mois » alors que les trésoreries sont exsangues dans le vignoble et n’arrivent pas toutes à payer les phytos, le personnel, etc.

« Alors mesdames et messieurs nos responsables politiques, professionnels, administratifs, qu'attendez-vous ? » lance Didier Cousiney, ajoutant, non sans humour noir : « la balle est désormais dans votre camp ».

 

* : Didier Cousiney rapporte que « nous avons rencontré des ministres et des parlementaires de tous bords. Nous participons à la cellule de crise en préfecture. Nous avons interpellé les négociants. Nous avons sensibilisé la grande distribution. »

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Ali Le 19 mai 2025 à 20:37:07
La vérité est que ce métier c'est juste chacun pour soi, ( comme tout les secteurs) il n'y a que très peu de solidarité, et d'ailleurs en faut il ? La vigne et le vin est un métier difficile, et malheureusement un métier comme un autre, si le vin ne marche plus il faut trouver des solutions non conventionnelles .nos dirigeants se fichent que cet honorable viticulteur se soit donné la mort , et la triste vérité est qu'il revient à chacun de se débrouiller seul, les aides n'y changeront rien
Signaler ce contenu comme inapproprié
Marc COUSSY Le 15 mai 2025 à 11:29:03
Trouver une solution au financement de l'arrachage par retenue à VERSER au Prestataire par AgriMer Suite au malheur du viticulteur Christophe BLANC qui s'est suicidé, il faut arriver à trouver une solution au financement de l'arrachage par retenue à VERSER au Prestataire par France AgriMer et son ASP SUR LE MONTANT DE LA PRIME. Cela avait été possible via le Préfet 33 pour l'arrachage primé "flavescence" ET CELA L'EST VIA L'ASP POUR LES AIDES PAC. Solution à préconiser en Commission d'Accompagnement des Agriculteurs Fragilisés Gironde (à ce sujet, n'y a t il pas une grosse responsabilité des Organisations Professionnelles de ne pas vouloir la saisir des dossiers en Gironde ?) Ceci dit, je lis que Christophe BLANC était en procédure collective. Là aussi il est possible qu'il n'ait pas eu droit à son financement de l'arrachage. Autre sujet à poser en CAAF celui qui interdit les aides pour certains stades des procédures collectives. Marc COUSSY Accompagnant bénévole Solidarité Paysan Viticulteur Bio
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé