résente sur les dix crus du beaujolais et les deux appellations régionales, la cave coopérative du Château de Chénas compte 80 apporteurs de raisins et commercialise environ 800 000 bouteilles par an, mais se préoccupe pour le renouvellement des générations. Pas question de laisser se dégrader la pyramide des âges de ses adhérents sans réagir. « Nous sommes impactés comme tout le monde alors nous essayons de nous adapter aux souhaits de la jeune génération », résume l’œnologue et directeur de la coopérative Didier Rajot. Et parmi ces souhaits figure souvent celui de produire et vendre son propre vin.
André Sarton du Jonchay, un jeune originaire du Sud-Ouest installé en 2021 sur 3,3 hectares à Chénas, est le premier à le faire dans le cadre de la coopérative, depuis deux ans. « J’apporte la totalité de ma vendange et reçois un acompte comme tous les coopérateurs, explique-t-il. Mais je vinifie tout moi-même, avec le matériel que l’on me met à disposition et avec l’aide de Didier. J’élabore mon propre style de vin, en fonction de ce que j’aime et de ce que recherche ma clientèle, en faisant toutefois attention à ne pas trop m’écarter de ce que recherche la coopérative. Ensuite, je rachète le volume que je souhaite élever et commercialiser à mon nom. Et je laisse le reste à la cave qui peut l’utiliser comme elle veut, en assemblage avec d’autres cuves. »
Les statuts de la coopérative autorisent les adhérents à racheter jusqu’à 50 % de leur récolte. « Nous nous mettons d’accord sur un prix de rachat et un volume en fonction de ses prévisions de vente », précise Didier Rajot. Au prix du vin s’ajoute celui des fournitures sèches et des prestations (comme l’embouteillage) réalisées par la cave, selon un barème fixé d’avance.


Pour son premier millésime, André a gardé 55 hl. Après une macération longue pour favoriser l’extraction, le jeune vigneron a choisi de réaliser un élevage de douze mois sur lies. Le vin est ensuite mis en bouteilles avec ses propres étiquettes et bouchons au nom du domaine du Jonchay. « La commercialisation n’est pas simple, avoue-t-il. Mais un avantage de vinifier à la cave coop est de pouvoir calibrer le volume que je rachète en fonction de mes débouchés. Ainsi je n’ai pas de sur-stock à gérer. Ce système me permet aussi d’avoir accès à un chai très bien équipé et fonctionnel : seul, je n’aurais pas pu investir dans du matériel aussi performant. » « André bénéficie aussi de notre expertise technique, ce qui est particulièrement sécurisant pour lui qui a choisi de prendre des risques en vinifiant sans sulfite, souligne Didier Rajot. La coopérative y trouve aussi son compte sur le plan commercial : les volumes qu’il nous rachète, même s’il les vend ensuite à son nom, représentent un nouveau débouché pour nous. »
La cave n’a pas eu à faire évoluer son chai – ni ses statuts- pour permettre à ses adhérents de vinifier eux-mêmes. Ils sont aujourd’hui deux -dont André – à le faire. Mais si davantage d’adhérents se montrent intéressés, son directeur n’exclut pas d’investir à l’avenir dans des équipements mieux adaptés.