i le vin blanc d’appellation Beaujolais reste une production encore trop méconnue, son cahier des charges de production, 100 % à base de chardonnay, figure pourtant parmi les plus anciens. « Le décret AOC date de 1930, le Beaujolais blanc a une longue histoire, mais restée trop confidentielle », confirme Sébastien Kargul, le vice-président d’Inter Beaujolais (interprofession des vins du Beaujolais), à l’occasion d’une présentation pendant le salon Wine Paris ce mercredi 12 février. « La puissance passée du Beaujolais nouveau à l’export a été l’arbre qui cachait la forêt de notre diversité », image aussi Jean-Marc Lafont, le président d’Inter Beaujolais.
Entre la place historique prise par le gamay et la proximité immédiate de la Bourgogne, le développement de vins blancs de Beaujolais n’a jamais connu l’essor que les responsables de l’interprofession ambitionnent à présent. « Cette production trop faible, 20 à 25 000 hl/an pour 593 000 hl de Beaujolais en 2024, doit être promue à l’occasion de la restructuration du vignoble pour, si possible, être triplée dans les 5 à 10 ans à venir et atteindre 75 000 hl, qui resterait malgré tout encore une production modeste », enchaîne Sébastien Kargul.


Plutôt implantées dans les terres argilo-calcaires au Sud de l’appellation, les vignes de chardonnay sont présentées par l’interprofession comme un levier de croissance et de restructuration pour nombre de vignerons de l’appellation. « Nous disposons déjà de beaucoup de profils différents de chardonnay, bien valorisés, mais il y a nécessité de relancer sa notoriété comme une composante essentielle de notre production. Ce n’est pas une vision opportuniste car nous avons toujours fait du Beaujolais blanc, mais nous avons une forte ambition qui ne demande qu’une étincelle pour redynamiser cette production », développe le vice-président d’Inter Beaujolais.
Lui-même producteur de Beaujolais blanc sur son exploitation, Jean-Marc Lafont mesure régulièrement l’intérêt de cette offre sur ses marchés, en particulier à l’export. « D’autant que nous ne sommes pas assez forts à l’export, qui représente environ 30 % de nos volumes d’appellation », appuie-t-il, ces exportations ayant baissé de 5 % en volume et valeur sur le dernier exercice, même si les marchés des Etats-Unis et Royaume-Uni se maintiennent (les deux générant la moitié des volumes de Beaujolais exportés).
Sébastien Kargul entend donc tirer parti de la restructuration enclenchée du vignoble beaujolaisien en priorisant les plantations de chardonnay dans les terroirs prédisposés. « Nous savons assurer le niveau qualitatif de ces vins blancs, ceux-ci nous permettraient en outre d’aller sur de nouveaux marchés export moins historiques, émergents et potentiellement également intéressés par nos profils rouges primeurs », espère le vice-président d’Inter Beaujolais.