’est un fleuron du patrimoine du beaujolais à l’aube d’une seconde vie. Située à Régnié-Durette dans le pays des crus, la Grange Charton se compose de quatre bâtiments datant du XIXème siècle, dont un vaste cuvage, délimitant une cour carrée de presque 3000m². L’association Ceps et Charrues, qui fédère 108 domaines viticoles bio du Rhône, imagine déjà un fourmillement d’activité y prendre place : un cuvage et des bureaux partagés par une quinzaine de vignerons, des formations à la traction animale ou à la soudure, un labo d’étude de la vie des sols, des festivals et animations grand public…
Mais réhabiliter un vaste ensemble bâti inscrit aux monuments historiques ne s’improvise pas. Cette ancienne propriété des Hospices de Beaujeu cherchait un repreneur depuis 2016. Finalement, l’ensemble a été acquis par la communauté de communes Saône-Beaujolais en 2020, et l’association Ceps et charrues a remporté l’appel à projets pour le transformer en tiers-lieu viticole. En attendant que le tout prenne forme, c’est là qu’elle tenait son Assemblée générale le 22 janvier. L’occasion, dans son bilan, de faire le point sur l’avancement du projet.
« Deux cabinets d’étude ont été missionnés, indique le président de Ceps et Charrues, Olivier Renard. L’un se concentre sur le cuvage partagé. L’autre travaille sur le projet global incluant le labo qui s’installera dans une aile du bâtiment et le volet évènementiel. On aimerait aussi créer un pôle traction animale et accueillir des chantiers de formation. Et peut-être un lieu pour faire des essais de préparations végétales… Les conclusions seront rendues en avril. Ensuite, un appel d’offres sera lancé pour la réalisation des travaux. »
« Cet outil permettra d’accélérer l’installation de vignerons bio sur le territoire, et surtout de les aider à réussir, reprend Olivier Renard. Si on est quinze à vinifier ensemble, on apprend plus vite que seul. Et Ceps et Charrues sera là pour animer le projet, faciliter les échanges, voire proposer une sorte de tutorage. » Les statuts de cette future pépinière ne sont pas encore décidés mais une SCIC est envisagée.
Après plusieurs reports, l’objectif est désormais d’accueillir les premières vinifications en 2026. En attendant, la Grange Charton commence déjà à accueillir des évènements organisés par ou avec Ceps et charrues.
L’association, qui vient de fêter ses vingt ans, s’exporte aussi hors de son milieu grâce à sa notoriété grandissante. « Des acteurs du monde culturel viennent nous chercher : pour un festival de musique à La Grange Charton, un festival de théâtre à Villefranche, un festival autour des sciences à Belleville,… », énumère Brieg Clodoré, secrétaire de l’association. Elle a prévu cette année un budget communication pour se rendre encore plus visible.
A contrario, elle piétine encore au seuil des instances professionnelles comme l’interprofession et les ODG. « L’an dernier, nous n’avons pas compris comment le mode de scrutin a conduit à l’écrémage de nos candidats aux élections de l’ODG », partage Olivier Renard. Tout en soulignant l’absence d’irrégularités de vote, le président de l’ODG Beaujolais Villages David Ratignier a reconnu que les modalités de scrutin pourraient être revues avant les prochaines élections. « L’ODG ne favorise aucun mode de culture, a-t-il rappelé. Mais elle est présente, notamment pour apporter son expertise au projet de la Grange Charton. »