’est un soulagement : la conjoncture compliquée n’a pas dissuadé les visiteurs de venir Bien Boire en Beaujolais ces 6 et 7 avril derniers. Le salon professionnel BBB, organisé par 220 domaines répartis en six associations*, se tenait comme chaque année sur différents sites reliés par des navettes. Les premières estimations situent la fréquentation au même niveau que les années précédentes, entre 2 500 et 3 000 visiteurs. « Tous les vignerons ont été contents, résume la présidente de BBB, Elisa Guérin, membre de la Beaujoloise. Les animations proposées ont eu du succès, et les pro ne venaient pas seulement déguster, mais cherchaient vraiment du vin. »
Venue comme tous les ans rencontrer ses fournisseurs à BBB, Anaïs Josserand voit le beaujolais se confirmer dans les tendances actuelles de consommation. Dans sa cave lyonnaise, « on me réclame des beaujolais, et pas seulement des crus, témoigne-t-elle. Des rouges, mais aussi des blancs qui font une belle percée : les gens découvrent un chardonnay à prix plus abordable qu’en AOC bourgogne. »
Présente sous la bannière Beaujol’Art, Sophie Savoye, vigneronne à Chiroubles, confirme le succès des blancs et rosés. « Mais on a la chance d’avoir des rouges frais, faciles à boire à l’apéro », souligne-t-elle. Le domaine maintient ses ventes aux particuliers, notamment grâce à l’œnotourisme avec une offre de séjour en gîte et roulotte. Mais elle constate comme d’autres vignerons que les professionnels commandent moins, ou moins souvent, même s’ils ne discutent pas les prix.
Sur le salon de Biojolab, Antoine Duplan, du domaine Frédéric Berne, fait le même constat. « Avec une trésorerie tendue, les cavistes ne stockent plus de vin : ils ne passent plus que des petites commandes », précise-t-il. A l’export, le domaine maintient ses marchés mais peine à en ouvrir de nouveaux et c’est la vente aux particuliers, boostée par l’œnotourisme, qui tire l’activité. Les trois formules de visite et dégustation ont du succès auprès de touristes locaux comme internationaux. « Tout ce qu’ils achètent sur place, c’est de la marge pour nous et de la trésorerie immédiate », apprécie-t-il.


Xavier Guyot, vigneron à Fleurie et membre de Beaujo’Styles, pense aussi que « le beaujolais s’en sort en partie grâce à sa belle tradition d’accueil ». Installé depuis trois ans, il juge toutefois assez difficile de se faire une place parmi toute l’offre existante. « Mieux vaut avoir du blanc dans sa gamme, juge-t-il. Et en rouge, il faut miser sur la qualité pour se démarquer. »
« La croissance des ventes passe plus par le recrutement de nouveaux clients que par les clients historiques », constate Grégoire Hoppenot, quelques stands plus loin. Pour ce vigneron installé à Fleurie, le commerce se porte plutôt bien… « sauf que je fais 40 % de ventes aux Etats-Unis. Et encore plus que l’annonce d’une taxe à 20 %, c’est l’incertitude qui refroidit mes importateurs. »
Si la clientèle internationale était encore présente cette année, elle venait surtout d’Europe – alors que l’Asie, notamment, était présente les années précédentes.
Freddy Evens, en tout cas, était au rendez-vous. Cet importateur belge distribue exclusivement des vins du beaujolais. « Et ça marche de plus en plus, bien que la consommation générale d’alcool soit en baisse, confie-t-il. Le gamay donne des vins frais et accessibles notamment pour les jeunes. Et il permet une grande diversité, des vins frais et fruités jusqu’aux plus costauds. » Lui et son collègue ont même acheté deux parcelles de vignes en beaujolais, confiées à des vignerons locaux qui paient leur fermage en bouteilles.
(1) * : Beaujoloise, Beaujol’Art, Beaujo’styles, Beaujol’wines, Biojolaise et Biojolab.