résenté comme capable de diminuer de 12 % les gaz à effet de serre en augmentant la productivité des cultures, le biochar est peu connu par les viticulteurs. Pour les éclairer, Nicolas Poly et Benjamin Bois ont dans le cadre du projet PhysioVigne porté par l’université de Bourgogne fait la synthèse des effets du biochar comme amendement viticole relevés dans 17 publications scientifiques de revues internationales à comité de lecture, entre 2014 et 2024.
Dans un article écrit pour la revue Ives, les deux chercheurs indiquent avoir remarqué que les rares études concluant à l’absence d’effets significatifs ou économiquement pertinents du biochar ont généralement été menées à des doses d’apport faibles, en surface et sur des sols souvent alcalins. Dès lors que cet apport se fait à au moins 10 tonnes par hectare et au plus près des racines, généralement par enfouissement via un griffage à plus ou moins 30 cm de profondeur, ils soulignent que « les études notent des conséquences positives sur de nombreux paramètres du sol (augmentation de sa teneur en eau disponible, diminution de sa densité, augmentations de son pH et de sa conductivité, augmentation des teneurs en éléments C/N/P/K – via l’apport direct en carbone organique du biochar ou par adsorption et diminution du lessivage – stimulation de l’activité microbiologique, etc.) comme sur ceux du végétal (moindre stress hydrique, augmentations de l’activité photosynthétique et du rendement) sans impact notable sur les paramètres analytiques classiques des raisins (pH, acidité totale, TAVP, anthocyanes, azote assimilable). »
Regrettant que les études sur le long terme soient encore rares, Nicolas Poly et Benjamin Bois soulèvent qu’une dizaine d’années après un apport unique de biochar, les effets sur la fonctionnalité du sol restent significativement positifs, « notamment en ce qui concerne la rétention d’eau, la fertilité chimique et le fonctionnement biologique ». De plus, ils observent une amélioration globale de la fertilité, sans impact négatif sur la biodiversité du microbiote ni sur son fonctionnement.
« Par ailleurs, la diminution de la biomasse en racines fines dans les horizons superficiels où a été apporté le biochar, semble indiquer la plasticité de la vigne face à une ressource en eau devenue plus accessible et faire du biochar un outil d’intérêt dans les vignobles soumis à la sécheresse et sans possibilité d’irrigation ». Les chercheurs relèvent enfin que le biochar donne ses résultats les plus significatifs dans les sols à tendance acide, relativement pauvres en matière organique, « ce qui est le cas de nombreux sols viticoles soumis au lessivage et à l’érosion ».
Quelles que soient les études, les qualités organoleptiques des raisins ou des vins produits ne sont pas impactées par l’apport de biochar, ni à l’analyse sensorielle ni à l’analyse des composés chimiques.
Pour Nicolas Poly et Benjamin Bois, il ne fait « nul doute que la filière puisse investir ce nouvel outil permettant une valorisation écologiquement vertueuse des sous-produits de la vigne (ceps arrachés, bois de taille, rafles, etc.), que cela soit dans des perspectives d’amendement en circuit-court, la filière énergétique ou des applications plus spécifiques comme en dehors de la filière viticole. »