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Si Cognac cumule taxes Trump à 20 % et chinoises à 35 %, "il faudra penser à des dispositifs plus radicaux" que la baisse de rendement
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Part des enjeux
Si Cognac cumule taxes Trump à 20 % et chinoises à 35 %, "il faudra penser à des dispositifs plus radicaux" que la baisse de rendement

Méprise entre le marteau chinois antidumping et l’enclume américaine des droits de douane, l’eau-de-vie charentaise note avec espoir les avancées diplomatiques qui s’esquissent face aux droits de douanes dont le cumul menacerait la pérennité de son vignoble, de son tissu économique… Le point avec Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC).
Par Alexandre Abellan Le 09 avril 2025
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Si Cognac cumule taxes Trump à 20 % et chinoises à 35 %,
'Les trois mois qui viennent sont décisifs pour Cognac' annonce Florent Morillon. - crédit photo : ©Artiste et Associé photographes
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omment évolue le marché chinois pour Cognac ?

Florent Morillon : Sur le volet politique, nous avons eu un bout de bonne nouvelle avec le report au 5 juillet de la conclusion de l’enquête antidumping après la visite fin mars du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. On met la pression pour que gouvernement avance sur le sujet, nous ne voulons pas être oubliés dans la masse des taxes américaines. En Chine, c’est la dernière ligne droite pour nous. Nous subissons quand même le système en place de cautionnement qui équivaut à des taxes provisoires.

De novembre 2024 à mars 2025, nos ventes en Chine ont baissé de 53 %, c’est significatif. Il y a urgence à trouver une solution. Des droits de douanes de 35 % pendant plusieurs années seraient catastrophique. Nous perdons 50 % du marché : cela représente 50 à 60 millions d’euros de perte par mois. Nous attendons le 15 mai un sommet à haut niveau entre les gouvernements français et chinois. On espère bien que notre dossier y trouve une solution. Il n’y a plus le choix. Et l’on se dit qu’avec ce qui se passe aux États-Unis, peut-être que la Chine va essayer de se rapprocher de l’Europe et se dire de laisser tranquille le dossier de Cognac et de l’Armagnac.

 

Concernant le duty-free en Chine, le retour des cognacs y est-il acté ?

De ce qui a été dit et qui doit être confirmé, les cognacs en stock peuvent être mis en vente dans le duty-free, mais ce qui est encore dans les ports ne peut pas y aller. Cela reste très évasif encore. Il faut éclaircir définitivement la situation. Nous avons l’impression d’avancer dans le sable : pour un pas en avant, nous en faisons deux en arrière. Il faut maintenant nous sortir de ce bourbier : ça fait 14 mois que ça dure.

 

D’autant plus que sur le marché américain, les taxes de 20 % viennent de tomber ce 9 avril…

Il y a encore quelques semaines, on parlait de 200 % de taxes. On tuait alors clairement la filière. On risque d’être sur le pot commun des 20 %. J’y mets des précautions, car nous ne sommes pas à l’abri de mesures spécifiques sectorielles. Notre discours est clair : 0 pour 0. Il ne faut pas taxer les bourbons, les vins et whiskies. Il semblerait que la Commission européenne soit sur la bonne voie pour que le bourbon soit retiré de la fameuse liste [des mesures de rétorsion européennes aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium]. Il faut rester prudent. Les trois mois qui viennent sont décisifs pour Cognac. Nous avons la totale sur nos deux premiers marchés : d’un côté 20 % aux États-Unis et de l’autre 35 % en Chine. Si les taxes frappent des deux côtés, cela va être catastrophique. Ces deux marchés pèsent pour 70 % des ventes de cognacs. Sur les 30 % restants, il y aura probablement une récession et une baisse de la consommation.

 

Vous avez donc 100 % de vos machés à haut risque…

Nous avons l’expérience de -50 % des ventes en Chine avec 35 % de cautionnement, au prorata il pourrait y avoir -30 % sur les États-Unis avec 20 % de droits de douane. Et une baisse de la consommation sur le reste des marchés. La pression peut se réduire s’il y un retrait des 35 % en Chine : on peut alors essayer de s’en tirer. Ce ne sera pas idéal, il restera des cicatrices et ce ne sera pas facile pour tout réactiver dans un contexte économique difficile, mais cela permettra de limiter les dégâts et de se remettre dans les rails.

 

Le risque de faillites a été évoqué pour les opérateurs de Cognac si la situation s’aggravait encore…

Chacun a fait tampon. Les vignerons avec les baisses de rendement et les maisons qui achetaient au-delà de leurs besoins en se disant que la lumière était au bout du tunnel. Des efforts ont été faits pour tenir. Il faut nous trouver des solutions. Nous sommes au bout du rouleau. Les trois mois devant nous sont décisifs. Rien n’est perdu encore. Pour la Chine il faut pleinement utiliser le report de trois mois pour arriver avec des propositions. Cela vaut aussi pour l’Armagnac.

 

Un plan d’adaptation par la réduction des surfaces AOC en maintenant le potentiel de production est mis en place cette année. Est-ce que cela sera suffisant ?

Le plan d’adaptation a été décidé quand on ne parlait que de la Chine. Et il n’y avait pas encore de taxes provisoires. C’est un outil agile pour optimiser la production en réduisant les surfaces : -10 % de surfaces = +10 % de rendement. Ça réduit les coûts de production, mais ça ne règle pas le problème des volumes produits et disponibles à l’achat. S’il y a +20 % de taxes aux États-Unis et +35 % en Chine, ce ne sera plus adapté. Il faudra alors penser à des dispositifs plus radicaux, dont le niveau sera conditionné aux taxes. Et il n’y a pas 50 000 solutions quand une région ne va pas bien.

 

Quand vous parlez de mesures radicales, faut-il entendre plan d’arrachage définitif si le scénario du pire se réalise ?

Je n’ai rien en tête, et je n’ai pas dit qu’il faut un plan arrachage. Si le problème s’aggrave et que la situation devient extrême, ça ne laisse pas de choix pour le bassin d’approvisionnement. Avec les taxes américaines et chinoises des deux côtés, on ne pourra pas continuer indéfiniment à baisser le rendement AOC Cognac. Il y a encore des possibilités pour ne pas en arriver là. Nous sommes entre deux eaux.

 

Regrettez-vous que le rendement 2025 ait été définitivement fixé à 7,65 hl AP/ha dès la fin février, avant les annonces de taxes américaines qui auraient pu conduire à sa réduction à la baisse ?

C’est un compromis. Et comme tout compromis, il ne satisfait personne. C’est un point de rencontre entre la proposition du négoce et de la production. Ce rendement a été voté on n’y touche pas jusqu’aux vendanges, quoiqu’il arrive, en lien avec la mise en œuvre du plan d’adaptation dès cet hiver.

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