résentant de bonnes nouvelles pour la filière vin, le dernier baromètre Sowine Dynata chiffre également le mouvement de non-consommation et le défi de la diversification pour conquérir de nouvelles parts de marché. Sondant en décembre 2024 un échantillon de 1 002 Français (âgés de 18 à 65 ans représentatifs de la population française par la méthode quotas), l’étude indique que la déconsommation prend de l’ampleur en France : 80 % des sondés consomment du vin au moins une fois dans l’année, soit -2 points par rapport à 2024, qui était déjà en baisse de 3 points par rapport à 2022. Soit -5 points en 2 ans souligne Sylvain Dadé, associé de Sowine, analysant dans cette part de non-consommateurs (soit 17 % des Français, +3 points en un an) une forte progression liée aux femmes (avec 23 % de non-consommatrices, +6 points). Tandis que cela se stabilise chez les 18-25 ans (22 % de non-consommateurs, -1 point).
En réponse à cette déconsommation des boissons alcoolisées, la filière développe des boissons désalcoolisées totalement ou partiellement ou à teneur réduite naturellement en alcool : les vins no-low. D’après le sondage, « 32 % des Français ont déjà consommé des boissons no-low, +4 points par rapport à 2024 » avec une « hausse importante surtout chez les jeunes » pointe Marie Mascré, associée de SoWine, pointant que les consommateurs préfèrent d’abord la bière no-low (61 % des sondés, -4 points), puis les cocktails no-low (42 %, -6 points), les spiritueux no-low (21 %, +4 points), le vin no-low (17 %, +7 points) et les effervescents no-low (14 %, nouveau au classement). Qu’il s’agisse de consommer moins d’alcool (50 % des buveurs de no-low), de questions de santé (40 %) et le goût (35 %), la motivation de la consommation de vin no-low reste inchangée pointe Marie Mascré, qui demande si « une fois que le consommateur a goûté, y revient-il ? »
Division
Pour les amateurs, oui : 50 % des consommateurs privilégient les mêmes produits, témoignant d’une fidélité à un goût ou à une marque. Si la consommation de vin no-low reste occasionnelle, elle divise surtout les sondés. Le vin no-low est loin de faire l’unanimité comme le rapporte Sowine, notant que 26 % des songés n’ont jamais eu l’occasion d’en goûter, que 25 % cherchent encore un vin no-low qui pourrait leur plaire, que 20 % préfèrent d’autres options de boissons no-low, que 19 % apprécient le goût du vin no-low et que 10 % ne souhaitent pas en goûter. Le goût de ces vins désalcoolisés donne des résultats mitigés pour les consommateurs : 51 % témoignent de leur insatisfaction rapporte Marie Mascré, indiquant que les vins no-low n’ayant pas la même histoire que les bières sans alcool (plus historiques), « ce sont des chiffres dont on appréciera de voir l’évolution ».
Tendance encore plus branchée, le vin nature peut aussi être une source de divisions parmi les consommateurs (et la filière). Marie Mascré rapporte que seulement 33 % des Français en ont entendu parler et qu’à peine 19 % en ont goûté, mais « entre adhésion et rejet. La moitié ont apprécié, l’autre moitié non » indique l’analyste, pointant que le profil du consommateur de vin nature est masculin, jeune, parisien et connaisseurs (« 63 % des consommateurs se considèrent éclairés »). Restant une niche, le vin nature s’adresse donc à de jeunes passionnés urbains, pile les consommateurs ciblés pour renouveler la population des consommateurs de la filière.


Face à la baisse de la consommation de vin, les opérateurs du vin sont en quête de nouveauté et ça tombe bien, les consommateurs sont preneurs indique Marie Mascré, indiquant qu’« une grande majorité de Français sont curieux et ouverts à l’innovation ». Ainsi, 37 % des Français se disent prêts à acheter des vins de cépages anciens ou résistants, 34 % sont intéressés par une offre de vins plus légers en alcool (à 8-10°.alc) et 27 % peuvent être tentés par des « vins sortant des conventions ». Dans tous les cas, pour redonner de l’attrait aux vins, les sondés plébiscitent de l’humain, de l’expérience et du relationnel : 58 % des sondés s’intéressent aux contenus sur le vin (qu’il s’agisse de rencontres de vignerons, de dégustations commentées, de documentaires…). En somme, les consommateurs sont ouverts aux propositions innovantes, du sans alcool au sans sulfites, mais avec un goût qualitatif et une histoire incarnée derrière.