ébutant ce jeudi 6 mars, la foire aux vins des magasins Lidl fait notamment tomber à 1,99 € la bouteille de vin rouge AOC Côtes-du-Rhône millésime 2023 avec la promotion 4+2. Un nouveau prix d’appel en dessous des coûts de production qui exaspère Damien Gilles, le président du Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône. « Ces pratiques de prix cassés sont non seulement inacceptables, mais elles nuisent gravement au revenu des vignerons et à l'image de nos appellations » analyse le vigneron de Pont-Saint-Esprit (Gard), pointant que « nos vins sont le fruit d'un travail exigeant, d'un savoir-faire ancestral et d'un engagement quotidien pour l'excellence. Les brader à des prix indécents revient à nier cette valeur et à fragiliser tout un pan de notre économie viticole. »
Alors que les prix cassés ont animé les colères vigneronnes en 2024 (notamment avec le prix de 1,39 €/col de côtes-du-rhône chez Lidl en novembre), Damien Gilles appelle, au nom de son syndicat, l’ensemble de la grande distribution à « faire preuve de responsabilité en cessant immédiatement ces opérations de dévalorisation. Nous appelons également les consommateurs à se montrer vigilants face à ces promotions trompeuses qui ne reflètent ni la qualité ni le juste prix de nos vins. » Contacté, Lidl n’a pas donné suite aux sollicitations de Vitisphere sur ces promotions, mais défendait par le passé « des prix alignés sur le marché, loin d’être les plus bas ». Pour que la Grande Distribution ne puisse plus plaider coupable à l’insu de son plein gré, la filière vin compte rebattre les cartes pour que la rémunération des vignerons deviennent un minimum non négociable.
Egalim/OP
Communiquant sur un prix plancher des Côtes-du-Rhône rouge de 120 €/hl, Damien Gilles « réitère notre détermination à défendre avec force et conviction l'équité et la dignité des appellations d'origine contrôlée ». Membre du bureau de la Confédération Nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC), il rapporte que les travaux avancent « en sécurisant les contrats amonts à minima au niveau de coûts de production (modification de la loi Egalim), en fournissant des indicateurs de prix à la filière pour la vente de raisins et de vin en vrac mais aussi sur les certifications environnementales HVE et bio (accords de durabilité) et enfin en permettant à la filière viticole d’accéder aux Organisations de Producteurs (OP) pour concentrer l’offre vrac. » Si le gouvernement prévoit une révision d’Egalim d’ici l’été, la question des OP divise clairement la filière.