120 €/hl, c’est le prix minimum auquel doit être vendu le côtes-du-rhône régional rouge », a déclaré Damien Gilles, président du syndicat général des Vignerons des Côtes-du-Rhône, lors d’une conférence de presse tenue le 3 décembre à la Maison des Vins d’Inter Rhône à Avignon (Vaucluse) en présence de Philippe Pellaton, président d’Inter Rhône et de Samuel Montgermont, président de l’union des Maisons du Rhône. Moins d’un an après les déclarations d’Emmanuel Macron sur la nécessité de déterminer un prix plancher, basés sur les prix de revient des agriculteurs, les responsables interprofessionnels de la vallée du Rhône arrivent donc avec des propositions concrètes. Lesquelles doivent nourrir la future loi Egalim 4, qui attend encore d’être mise sur orbite.
En prônant ce prix minimum haut et fort, au moment où le millésime 2024 arrive sur les marchés, les représentants des vignerons de la vallée du Rhône veulent incontestablement mettre la pression au gouvernement. « Nous avons beaucoup travaillé, et avancé jusqu’à cet été, où tout a été mis en stand-by à cause du contexte politique que nous avons connu, expose Philippe Pellaton. Aujourd’hui, nous avons du mal à avoir des interlocuteurs. »


« Si le gouvernement continue de jouer aux chaises musicales, la production prendra les devants, martèle, de son côté, Damien Gilles. Nous ne sommes pas la valeur d’ajustement. » Pour Samuel Montgermont, il y a également urgence : « Il est indispensable de sécuriser le revenus des producteurs dans le contexte actuel », a-t-il précisé.
Une chose est sûre, en tenant cette conférence de presse, les professionnels rhodaniens ont voulu montrer aux pouvoirs publics qu’ils disposent de l’ensemble des outils nécessaires à la fixation du fameux prix plancher. Et, ils ne sont pas partis seuls au combat. « Nous avons travaillé sur ce sujet avec l’interprofession des vins de Bordeaux (CIVB) sous l’égide du Comité national des interprofessions des vins d’appellation d’origine contrôlée (CNIV), indique Philippe Pellaton. Nous disposons d’indicateurs que nous devons sécuriser à l’échelle nationale pour qu’ils soient indiscutables. »
Le syndicat des vignerons a ainsi lancé un observatoire des coûts de production, il y a une dizaine d’années, qui a été récemment transféré à Inter Rhône. L’interprofession enregistre, en outre, les transactions entre l’amont et l’aval, qui donnent lieu à la publication d’un prix moyen mensuel. « Nous avons en outre la capacité de récupérer le prix départ cave de la production et du négoce sur différents marchés, la grande distribution, l’export… », complète Philippe Pellaton.
C’est d’ailleurs en se basant sur les coûts de production au vignoble, et sur le prix moyen du côtes-du-rhône rouge sur le marché du vrac, au cours de la campagne 2023/2024, que le prix plancher de 120 €/hl a été calculé. « C’est le prix pour que nous puissions continuer à exister, souligne Damien Gilles. Nous avons déjà connu des crises par le passé, mais celle-ci diffère car les charges des exploitations ont littéralement explosé ces trois dernières années. »
Le vigneron gardois remet par ailleurs sur le tapis la question de l’arrachage temporaire. « Les demandes d’arrachage définitif s’élèvent à 6 000 hectares dans la vallée du Rhône, a-t-il souligné. Nous devons désormais temporiser cette situation. C’est la condition sine qua non pour nous repositionner sur les marchés. Aujourd’hui, nous savons où il faut aller, élaborer des rouges plus légers, accompagner la demande croissante de vins blancs… » Encore un autre combat.