menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Commerce/Gestion / "Aucune loi ne pourra forcer les négociants à acheter le vin à un meilleur prix"
"Aucune loi ne pourra forcer les négociants à acheter le vin à un meilleur prix"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Parole d’avocat
"Aucune loi ne pourra forcer les négociants à acheter le vin à un meilleur prix"

Considérant que la loi permet déjà de sanctionner les prix "abusivement bas" des vins achetés aux producteurs, maître Louis Lacamp estime que la filière se berce d’illusion en pensant qu’une nouvelle réglementation changera immédiatement la valorisation de ses cours. Pour l’avocat parisien, il faudra dans tous les cas des actions en justice pour faire bouger les lignes. Un sujet qu’il connaît bien pour être l’avocat de Rémi Lacombe, le vigneron médocain ayant attaqué et fait condamné deux négociants en première instance (Cordier et Ginestet, l’appel est en cours).
Par Alexandre Abellan Le 03 décembre 2024
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Le prix des vins ne changera pas par la seule grâce d’Egalim 4 prévient l'avocat parisien. - crédit photo : DR
P

our vous, les demandes de la filière pour réviser Egalim afin d’imposer un prix rémunérateur aux vins ne sont pas justifiées, comme le jugement de février dernier à Bordeaux permettrait déjà de leur appliquer le concept de prix excessivement bas

Louis Lacamp : Il est vrai que la loi pourrait être plus précise sur certains points, mais c’est le cas de très nombreux textes. En France, ce sont bien souvent aux juridictions de venir préciser les conditions d’application des lois. En tout cas, il est certain que les prix abusivement bas sont déjà prohibés. Pourtant, à entendre certains agriculteurs, on a l’impression qu’aucun texte n’existe !

 

Pour vous, la réglementation actuelle est suffisante pour assurer un prix rémunérateur ?

Comme l’a démontré le Tribunal de commerce de Bordeaux en première instance, le texte est parfaitement susceptible d’être mis en œuvre. La volonté du législateur était claire : non pas s’assurer qu’un agriculteur puisse vendre toute sa production, mais garantir, lorsqu’une vente a lieu, que celle-ci soit rémunératrice. A l’heure actuelle, une seule action a été menée (celle de mon client Rémi Lacombe), et une condamnation a été prononcée, d’un montant conséquent qui plus est – bien qu’un appel soit en cours. C’est un signe très encourageant mais tant que les agriculteurs n’agiront pas massivement, les pratiques ne changeront pas fondamentalement – la décision de première instance avait pourtant eu beaucoup de répercussions à elle seule…ce qui aurait dû inciter d’autres agriculteurs à agir pour faire bouger les lignes.

 

Dans la filière, on entend l’argument que la rédaction d’Egalim sur la notion d’"imposer un prix excessivement bas" manque de précision, à la fois sur la façon d’"imposer" et sur la définition de "prix excessivement bas".

Comme évoqué, il est certain que la rédaction du texte aurait pu être plus précise, mais cela est souvent le cas – et la volonté du législateur était en revanche très claire. Quel que soit le texte adopté, des objections seront toujours opposées en défense. Ce qui est essentiel de comprendre, c’est qu’aucune loi ne pourra jamais forcer, en amont, les négociants à acheter à un meilleur prix. La loi ne peut prévoir qu’une sanction judiciaire, a posteriori, si le prix était trop bas…ce qui suppose que les agriculteurs saisissent la justice. Ce sont à eux d’oser faire valoir leurs droits.

Certains agriculteurs espèrent que les négociants se mettront spontanément à proposer de meilleurs prix. C’est un doux rêve. La réalité est que la situation perdurera tant les agriculteurs n’agiront pas judiciairement. Évidemment, cette démarche n’est pas aisée : ceux qui engageront des actions s’exposeront à des risques de représailles, comme ce fut le cas pour mon client et comme l’avait anticipé l’Autorité de la Concurrence dans son avis sur ce texte. Mais plus ces actions seront collectives, plus les risques seront limités.

 

La création d’indicateurs interprofessionnels pour calculer un prix en dessous duquel le vin ne serait pas rémunérateur vous semblerait-elle pertinente ?

De tels indicateurs seraient pertinents car ils pourraient donner un indice aux juridictions. Mais ils ne me paraissent pas pouvoir être le seul critère : les coûts propres au producteur doivent également être pris en compte. En outre, on rappellera que la loi Egalim prévoyait dès 2018 la mise en place d’indicateurs, mais huit ans après aucun indicateur n’a été publié dans le vin. Il s’agit d’un échec de l’interprofession qui permet de se questionner sur la bonne représentation des agriculteurs au sein de celle-ci, car évidemment l’absence d’indicateurs ne bénéficie qu’aux négociants.

Des réunions avaient d’ailleurs eu lieu entre négociants, agriculteurs et courtiers, durant lesquelles tous affirmaient qu’il fallait mettre un terme aux prix trop bas. Pourtant, dans ses dernières conclusions d’appel, la société Cordier sollicite l’écart de la loi Egalim au motif qu’elle serait contraire au droit européen (qui, selon elle, interdirait de fixer un prix minimum d’achat). Cela illustre que derrière les déclarations d’intention, certaines sociétés de négoce restent opposées à un réel changement des pratiques.

 

Que pensez-vous de la mise en place d’organisations de producteurs pour pouvoir parler de prix ?

Généralement, plus des acteurs sont rassemblés, mieux ils négocient. Il s’agit donc d’une bonne piste de réflexion.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (4)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
bill et boule Le 08 décembre 2024 à 19:25:04
ce n est pas que nous produisons trop ... c est que nos acheteurs n ont pas revendu assez vite ce qu ils ont acheté Le sur stockage est partout ... dans les hangars de la gd ... dans les entrepôts des importateurs.. mais aussi chez les négociants eux mêmes.Ceux ci ont acheté certains flacons bien trop chers et cela plombe leurs inventaires.Les petits châteaux n y sont pour rien et c est pourtant eux qui pâtissent le plus de cette situation, un comble !!!
Signaler ce contenu comme inapproprié
augustin Le 07 décembre 2024 à 09:46:09
Guettons la prochaine reunion sur le sujet entre civb et GD , en présence des courtiers negociants et probablement syndicats . La difficulté est que ladite GD porte beaucoup de stocks de vins de Bordeaux et que simultanément elle a besoin de cash ... Le mélange est potentiellement aussi détonant que le carburant d un missile russe au décollage...Calmer le jeu pour 2025 va requérir beaucoup de persuasion ...Et rappelons que le débat n implique que la gd France. .. ce qui veut dire a priori que les grandes chaînes us ou européennes ,notamment uk benelux ou allemandes garderont leur liberté.Plus globalement le liberalisme bruxellois déferle( mercosur ) tandis que les particularismes nationaux ( ici egalim ) peinent à s imposer. La politique , plus que jamais , s invite inexorablement aussi bien dans nos rêges que dans nos chais et jusque dans nos bordereaux de commande de vins ...Il va falloir jouer collectif France , à défaut de quoi le declin bien entamé ( voir le dernier livre de Jacques de la roziere) ne va que s accélérer. On espère !
Signaler ce contenu comme inapproprié
Renaud Le 03 décembre 2024 à 07:48:59
Il n'y a pas d'outil merveilleux. Mais il est de notre devoir de se munir d'outils nombreux qui viendrons aider à chaque situation. Oui l'affaire Remi Lacombe a enfin ouvert une brèche. Les indicateurs interpersonnelles n'existent pas en effet car l administration est à l'affût pour contraventioner face à l'absence de commande politique. L'OP sera aussi un outil. Alors ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Chaque avancée sera une pierre à l'édifice
Signaler ce contenu comme inapproprié
augustin Le 03 décembre 2024 à 05:25:37
A Bordeaux persiste l omerta Me Lacamp à raison : à ce jour les deux rebelles sont mm lacombe (egalim) et cousiney (collectif viti 33 ) qui ont repris leur liberté de parole après la vente de leurs domaines respectifs Nul ne peut les blâmer d être sortis du guêpier et à fortiori de vouloir désormais libérer leurs anciens compagnons de "détention " ! La cellule de crise préfectorale de m guyot est réactivée suivie d une réunion gd 2.0 en ce mois de décembre 24 , mais seuls les petits châteaux veulent faire évoluer le système actuel grands crus courtiers negociants civb ... pourtant de l avis de tous au bord de l asphyxie .Qui aura le courage de requérir une vraie solidarité au sein de cette filière, incluant bancassurance , gd et professions juridiques et comptables desormais en première ligne.Dun and bradstreet altares publieront début 25 les stats des procédures collectives qui se multiplient et surtout gagnent en gravité sur ce dernier trimestre 2024. Il est impératif que la filière joue davantage en équipe, avec la msa , la dgfip et reparte à l offensive a l export sur le Canada l Amérique du Sud l Europe du Nord et demain l Inde ... De souris , nous devons en lions nous transformer !
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Commerce/Gestion
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé