vec sa gamme "Soutenons nos vignerons" déclinée sur cinq appellations de vins rouges (Bergerac, Bordeaux, Buzet, Corbières et Côtes-du-Rhône*), le groupe alsacien Grands Chais de France (GCF, premier négoce de vin en Europe) rebat les cartes de la vente de vin en Grande Distribution (GD). « Ce vin garantit une juste rémunération à nos vignerons » affirme le packaging du BIB de 3 litres qui affiche son prix conseillé sur le packaging : 11,95 €, dont 48 % est destiné aux vignerons (« hors taxes et hors droits de 21 %. Marge brute non déduite des charges de l’ensemble des intervenants » précise l’emballage). Ce qui revient approximativement à plus de 150 €/hl, un cours bien au-dessus des prix moyens pratiqués.
« Avant d’être négociants, nous sommes vignerons, donc nous sommes très sensibles aux difficultés du vignoble » explique Anne-Laure Helfrich, la directrice marketing de GCF, qui défend une « vraie volonté de pérenniser la viticulture » sur des « appellations qui sont parfois boudées du fait de la déconsommation » en travaillant sur « un profil qui soit juteux et gourmand pour que le consommateur puisse adhérer au projet ». Distribuée en premier par les magasins Leclerc dès ce mois d’avril, la marque "Soutenons nos vignerons" pourra s’étendre dans d’autres enseignes dès le deuxième semestre indique Anne-Laure Helfrich, pointant qu’au final ce sera aux clients de décider si cette offre s’étoffe en volume et références : « le consommateur prendra la décision finale selon son acte d’achat. Si cela fonctionne, on pourra pensera à d’autres produits. Mais il ne faut pas brûler les étapes. L’idée est d’abord de pérenniser pour avoir une volumétrie suffisante qui permette un certain écoulement aux caves partenaires. » Si Leclerc ne s’engage pas sur un volume de vente, l’enseigne prévoit de communiquer sur ses prospectus et dans ses magasins. En face, GCF a les volumes pour suivre confirme Nicolas Pellenc, son responsable des achats.


Si la question du pouvoir d’achat peut peser sur le consentement à payer des clients, Anne-Laure Helfrich affirme un « message fort : je veux dire aux consommateurs qu’ils doivent se réhabituer au vrai prix des choses. Dans les rayons vins, il y a eu des produits qui étaient proposés à des prix tellement bas par certains confrères qu'aujourd'hui il n’y a plus la notion du vrai prix du vin pour que le viticulteur derrière puisse vivre de son métier. » Espérant « faire boule de neige » en amenant d’autres opérateurs à appliquer des cours rémunérant correctement la production, la négociante ne fait pas d’angélisme sur l’ensemble des achats de GCF.
« Clairement on n’est pas moins-disant, on ne fait pas partie de ceux qui cassent les prix. Ce n’est pas notre philosophie » indique Anne-Laure Helfrich, pointant qu’ « après, on se doit de répondre aussi à une offre et à une demande. Donc on n’achète pas tous les volumes au même prix. » Confirmant que GCF « ne spécule jamais à la baisse », Nicolas Pellenc pointe que l’« on joue dans plusieurs couloirs. On a nos marques, on a des MDD, il nous arrive de faire de l'opération de premier prix etc. Et là bien évidemment on va suivre le marché, parce que nos clients nous l'imposent. Les négociations sont très compliquées, très dures. Mais on sait que la viticulture française est en très grande souffrance. Cette initiative est justement là pour essayer de mettre un terme à cette spirale et envoyer des messages positifs. »
* : Produits par les caves coopératives de Sigoulès (Dordogne), Pradaou Saint-Savin (Gironde), Buzet (Lot-et-Garonne), Mont Tauch (Aude) et Vaison-La Romaine (Vaucluse).