’Etat ayant engagé 6,7 milliards d’euros pour soutenir l'innovation en agriculture sur la période 2018-2023, la Cour des comptes a élaboré un questionnaire pour mesurer son appropriation par les responsables d’exploitations qu’elle a transmis à la société Ipsos, chargée de réaliser un sondage téléphonique auprès d’un échantillon représentatif.
86 % des 1 005 répondants ont déclaré avoir intégré au moins une innovation agricole parmi neuf proposées* en 2023-2024. Faisant un focus sur la viticulture dans l’annexe 4 de son rapport, avec une étude de cas sur l’introduction des variétés à fin d’adaptation (VIFA) permise depuis 2018, la Cour des comptes indique que, sur proposition des Organismes de Défense et de Gestion (ODG), l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) avait au moment du sondage, en 2024, autorisé la modification temporaire des cahiers des charges de 32 IGP et 26 AOP, sur les presque 450 indications géographiques que dénombre la filière. Le sondage ayant révélé que seuls 15 % des viticulteurs utilisent des VIFA, tandis que 59 % ne connaissent pas ce dispositif, la Cour encourage l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) et les ODG à « mieux informer et sensibiliser les viticulteurs sur ce dispositif qui doit permettre de mieux répondre aux enjeux de réduction des intrants et du changement climatique ».


Ces chiffres n’étonnent pas l’IFV, qui rappelle que les VIFA ne sont pas encore des innovations transférables en masse mais un dispositif expérimental limité dans le cas des AOP à 5 % de l’encépagement de l’exploitation et 10 % de l’assemblage des vins commercialisés. « Aujourd’hui, il n’y a pas nécessité à ce que tous les viticulteurs connaissent les VIFA. Il y a nécessité à ce que tous les ODG connaissent bien le dispositif, s’engagent, et trouvent des viticulteurs prêts à s’investir, commente Marion Ivaldi, directrice de la communication de l’IFV. Le travail est bien engagé avec 16 AOP* testant des Vitis vinifera, 18** autres ayant choisi des variétés résistantes aux maladies, et 3*** en attente du feu vert de l’INAO. Ces 37 appellations représentent la diversité du vignoble français et plus de la moitié de sa surface », précise-t-elle.
La massification de l’innovation aura lieu à la fin d’une période d’observation de 10 ans si l’ODG intègre définitivement la VIFA à son cahier des charges. « Elle passera principalement par du conseil entre pairs, quand les viticulteurs qui les auront testées témoigneront de la manière de les cultiver ou de les vinifier », anticipe Marion Ivaldi.
* : Arbois, côtes du jura, macvin du jura, vin et crémant de Savoie, luberon, vacqueyras, bandol, languedoc, minervois, fronton, saint-mont, médoc, haut-médoc, et touraine.
** : Crémant d’Alsace, alsace, champagne et coteaux champenois, côtes du rhône et côtes du rhône villages, côtes de provence, buzet, bordeaux, bordeaux supérieur, cognac, anjou, anjou mousseux, saumur mousseux, cabernet d’anjou, rosé d’anjou, rosé de loire, et crémant de loire.
***: Meursault, blagny, et crémant du jura.