aintenant convaincre. Ce jeudi 6 février, le comité national des appellations d'origine relatives aux vins et spiritueux de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a validé le mécanisme d’adaptation du vignoble. La filière cognac ne perd pas une minute pour mobiliser la profession autour de cette « démarche volontaire ». Plus de cent viticulteurs assistaient ce mardi 11 février à Châteaubernard (Charente) à la deuxième des huit réunions organisées ce mois-ci par l’Union générale des viticulteurs de Cognac (UGVC).
Anthony Brun, Julien Massé et Stéphane Roy, respectivement président, secrétaire général et administrateur de l'UGVC, présentent ce fameux «Volume Compensateur Cognac Individualisé (VCCI). Une mesure de régulation qui vise à résister aux variations des ventes aux États-Unis, aux mesures antidumping chinoises et à l'ensemble des incertitudes géopolitiques pesant sur l'eau-de-vie charentaise. « Un outil temporaire mais durable, sans financement public, juridiquement solide, permettant de maintenir le chiffre d’affaires sur moins de surface tout en réduisant les charges », explique Anthony Brun devant un auditoire attentif.
La variable d’ajustement reste le rendement cognac autorisé, voté chaque été selon les projections commerciales du Business Plan de l'interprofession. Habituellement uniforme, il sera individualisé par le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) pour ceux qui arracheront des vignes ou suspendront des plantations. « En fonction des efforts, il pourra être majoré jusqu'à 12 hl d’alcool pur par hectare », précise Stéphane Roy. Séduisant quand le rendement cognac actuel de 8,64 hl/ha devrait tomber, selon des experts, entre 7,5 et 8 hl/ha pour la vendange 2025. Une tendance sera connue le 20 février, avec l’espoir d’une visibilité pour les trois prochaines années*.


Dans la salle, certaines critiques fusent : « usine à gaz », « décision trop tardive », mesure « insuffisante pour réparer les erreurs du Business Plan », « inadaptée aux vignes jeunes » ou « compliquée pour les fermages ». Toutefois, beaucoup - notamment les viticulteurs déjà étranglés par des investissements lourds et un chiffre d'affaires fragile - voient l’avantage d’une « économie de charges variables estimée à la moitié du coût de production », selon Stéphane Roy : moins de saisonniers, moins de produits phytosanitaires….
Certains y trouvent aussi une (belle) opportunité d’arracher des vignes de toutes façons concernées à court terme. Mais des questions persistent sur les replantations : quels délais, dans quelles conditions, et surtout quelle durée des droits sur la parcelle ? « Cinq ans, ce n’est pas suffisant. Nous demandons au moins huit ans, idéalement onze », avance Anthony Brun.


L’UGVC invite chaque viticulteur à « bien réfléchir sa stratégie », avec le soutien technique du BNIC qui promet un outil de simulation et de planification sur mesure, utilisable de début juin à fin juillet**. Il est crucial de « ne pas trop arracher », de considérer l’impact sur la réserve climatique (« si vous en sortez, elle ne pourra être reconstituée que dans la limite de 10 hl sur les parcelles en production »), et de noter que le rendement autorisé sera réparti à égalité entre les crus de l’exploitation. « Discutez bien avec les négociants pour être sûrs d’honorer vos contrats », insiste Stéphane Roy.
« L’outil n’est pas parfait, il ne conviendra pas à tous, mais il a le mérite d’exister et il faut saluer ce volontarisme », admet un viticulteur. « C’est un compromis, résume Julien Massé. Comme tout compromis, il ne satisfait personne complètement. » Mais faute de mieux...
* : L’outil de régulation a vocation à être pérennisé jusqu’au retour d’un rendement annuel cognac de 12 hl d’alcool pur par ha, ce qui suppose une reprise caractéristique des ventes.
** : Sur leur espace pro.cognac.fr, les viticulteurs trouveront en septembre une fiche "potentiel de production" indiquant volume de production cognac autorisé et rendement individuel majoré définitif pour ceux qui auront joué le jeu de l’arrachage et des non-replantations. Les déclarations de récolte et de fabrication se feront pour tous selon les modalités et calendriers habituels.