es vins rhodaniens résistent, c’est le mot d’ordre qu’a voulu souligner le président de l’interprofession des vins de la vallée du Rhône (InterRhône), Philippe Pellaton à l’occasion de sa prise de parole lors de Wine Paris ce mardi 11 février. « Malgré le manque de visibilité sur les orientations commerciales et les difficultés que présentent les marchés », les appellations rhodaniennes font le dos rond avec résilience. Pourtant, les indicateurs économiques dégradés du début d’été 2024 avaient provoqué « un vent de panique et une forte inquiétude, avec de gros nuages noirs qui s’annonçaient à l’export », qui a finalement été compensée par des chiffres plus favorables au 2ème semestre.
L’export, qui génère 35 % des volumes commercialisés « est quasiment au maintien (-2 %), de manière hétérogène, avec des baisses sur certains pays et des bonnes dynamiques sur d’autres, comme le Canada qui maintient une progression annuelle de 15 à 25 % depuis dix ans », pointe Philippe Pellaton. Le président d’InterRhône reconnaît que l’objectif ambitieux de 50 % des volumes exportés fixé il y a plusieurs années « n’est plus d’actualité au regard de l’évolution des marchés, et c’est à présent un objectif de stabilisation de nos positions qui est visé pour l’export ».


En France, les 65 % de volumes restants s’articulent entre grande distribution (40 %), secteur traditionnel (25 %) et vente directe (35 %). « La GMS n’affiche finalement qu’une baisse de 3,6 % sur 12 mois à fin novembre 2024, les appellations rhodaniennes étant les AOC de vins rouges qui ont le mieux résisté en GD », défend Philippe Pellaton, qui pointe également que le secteur traditionnel a progressé de 2% dans le même temps.
Face aux aléas de marché, « le rééquilibrage des stocks était un enjeu essentiel, alors que des affaires vrac qui ont pu se faire à des prix indécents, 80 €/hl voire moins sur des anciens millésimes de côtes du Rhône, ont envoyé un message catastrophique à nos opérateurs », tranche le président d’InterRhône. Soulignant le travail de sensibilisation réalisé par les syndicats d’appellation auprès des metteurs en marché, Philippe Pellaton indique à présent « un plancher étanche à 120 €/hl sur le millésime 2024, et un aboutissement sur des stocks apurés ». Subie (distillation, faible récolte 2024) comme voulue (baisse des rendements, sorties de chais en hausse), cette diminution des niveaux de stocks semble porter ses fruits dans la maîtrise de l’offre des vins des appellations rhodaniennes.
Au rayon des orientations stratégiques, le blanchissement de la production poursuit son avancée et Philippe Pellaton souligne l’intérêt à long terme pour la production de bulles. « Nous en avons déjà à Die à Saint-Peray, mais avons engagé une démarche technique sur la production de potentiels crémants blanc de noirs à base de grenache noirs. Dès 2026, nous aurons des résultats à grande échelle sur ces expérimentations », décrit Philippe Pellaton. Rebondissant sur les mots de la ministre de l'agriculture Annie Genevard lors de son passage à Wine Paris, Philippe Pellaton rappelle son soutien à l'aboutissement d'un dispositif Egalim pour les vins en 2025 « qui permettrait une clarification de notre métier ».
Ligne directrice du mandat de Philippe Pellaton, l’orientation de la production vers plus de vins blancs dans la vallée du Rhône poursuit son avancée à la faveur des restructurations et replantations. « De 5% il y a une dizaine d’années, la production de vins blancs représente à présent 12% des volumes, pour probablement dépasser les rosés (13% des volumes) d’ici peu », pose Philippe Pellaton. « A long terme, l’objectif de 25% des volumes reste posé, mais en y allant très progressivement au fur et à mesure que ceux-ci continuent d’être intégralement vendus à d’excellentes valorisations. Il ne faut pas en produire plus que ce que nous savons vendre », appuie le président d’InterRhône.