omme en 2022 et 2023, le salon Millésime Bio se penche sur la fin des bouteilles en verre à usage unique à l’occasion d’un conférence sur la consigne ce lundi 27 janvier à Montpellier. Passant même aux travaux pratiques avec une collecte des bouteilles par Oc’Consigne, le rendez-vous des vins bio témoigne que « l’on parle encore du réemploi. C’est une réalité ! Pas une étoile filante » lance Nicolas Dauvé, le chargé R&D emballage du réseau de magasins Biocoop. Qui l’illustre par les chiffres : 600 magasins de Biocoop sont des points de collecte de bouteilles consignées en 2024 (soit 1 point de collecte sur 3 en France), et qui vise cette année 740 magasins permettant la récupération de flacon (soit 100 % des magasins Biocoop).
Voyant dans le réemploi une solution d’avenir, Charlotte Enjalbal, cheffe de projet emballages et RSE des magasins bio La Vie Claire, témoigne de la même montée en puissance : de 60 magasins impliqués dans la collecte en 2022 (pour 1 100 bouteilles récupérées), le réseau en 302 en 2025 (soit l’intégralité de ses magasins, pour viser 100 000 bouteilles ramenées). Récupérant 1,25 million de contenants en verre par mois (pour 97 % de taux de retour, Le Fourgon se définit comme la « digitalisation de la tournée du laitier » avec un choix de produits en ligne, une livraison et la récupération des caisses et bouteilles consignées au passage explique Guillaume Duthoit, acheteur et chef de produit bières, vins et spiritueux pour le Fourgon.


« En tant que vigneron, on a besoin de s’appuyer sur des circuits qui tournent » pour permette l’investissement dans la consigne témoigne Nicolas Moine, gérant du domaine de Sauzet (Saint-Bauzille-de-Putois, Hérault), qui propose des bouteilles réemployables à ses clients Biocoop et le Fourgon. Ce qui lui a permis d’investir dans des caisses livrées chez ses clients cavistes et de proposer le réemploi à des clients qui n’étaient pas forcément convaincus, mais qui permettent de retirer les cartons d’emballage. Comptant passer de 50 à 100 % de réemployabilité pour ses 60 000 bouteilles produites, le vigneron espère qu’il y aura « un mouvement général au niveau de la filière » pour qu’il y ait « plus de réemploi avec plus d’offre ».
Représentant 24 % des volume de vins, bières et cidres vendus par le réseau Biocoop, les bouteilles consignées doivent devenir un nouveau réflexe pour Nicolas Dauvé, qui annonce un plan de communication dédié au réemploi et au vrac en mars prochain. De quoi susciter l’intérêt des consommateurs, mais aussi des producteurs note le responsable R&D. « Ne manquez pas le coche » lance aux opérateurs du vin Mehdi Besbes, le responsable marché vins et spiritueux de l’éco-organisme Adelphe, qui appelle la filière vin à se saisir des appels à projets lancés pour développer le réemploi dans la filière. Où le sujet est loin d’être simple, les vignerons étant attachés à leurs bouteilles et étiquettes pour se distinguer reconnaît Guillaume Duthoit.
Interrogé sur le relatif retard de la filière vin par rapport à d’autres secteurs (notamment sur l’absence de bouteille R-Cœur), Mehdi Besbes pointe que le secteur du vin a une structure éclatée atypique, avec de nombreux acteurs et une grande diversité de terroirs. S’il faut de la pédagogie reconnait l’expert, « on est en train d’accélérer : il n’y pas de R-Cœur, mais on va passer au développement d’une bouteille standard pour les vins ». Quand la grande distribution s’emparera du sujet, « il y aura un vrai effet de levier » estime le vigneron Nicolas Moine reconnait qu’« en tant que petit acteur, c’est du bricolage pour l’instant ». Il n’empêche pour Nicolas Dauvé qu’individuellement les acteurs du vin se bougent : « il faut passer à la suite et travailler collectif » alors que la filière reste « timide » en la matière : « plus il y a d’intervenants, plus c’est compliqué et plus c’est lent » malgré « une volonté individuelle présente ». Il reste au finale que l’économie circulaire, c’est de la coopération conclut Clémence Hugot, la coordinatrice de France Consigne (association de 11 opérateurs du réemploi).