La filière viticole n’a pas d’avenir sans le vrac et le réemploi », démarre Muriel Chatel. Cette affirmation radicale est le fruit d’une longue expérience comme négociante de vin au Royaume-Uni, avec Sustainable Wines Solutions. Son entreprise (basée à Londres) propose depuis 2002 des solutions de vin (français) en vrac, à la tireuse, dans les restaurants et chez des cavistes anglais. Elle connaît donc le sujet et ses obstacles techniques sur le bout des doigts. « Le vrac et le réemploi, ça fonctionne, je l’ai prouvé. 30 % de vin à la pression, demain c’est possible, mais pour atteindre cet objectif, on a besoin du collectif. Les opérateurs du vin sont d’ailleurs plutôt pour… Mais ils ne savent pas comment y arriver, les obstacles pratiques leur paraissent insurmontables. »
D’où le lancement, ce mercredi 27 novembre sur le salon Vinitech à Bordeaux, de la Bande Verte, association et "plateforme" de business pour professionnels de la filière, « de la vigne au verre ». Concrètement, les membres (l’adhésion est payante) auront accès à des informations techniques, retours de cas, etc. Mais aussi à des appels d’offres pour des vins « au minimum HVE 3 ».
« Par exemple, on a un magasin de grande distribution dans la région parisienne qui recherche du vin pour le proposer en vrac à ses clients, un blanc et deux rouges. Chez eux, le vin est en chute libre, ils cherchent des nouvelles propositions. La Bande Verte fait la mise en contact avec des producteurs. » Mais la solution ne s’arrête pas là, puisqu’il s’agit aussi de fournir « solutions techniques et logistiques », les équipements adéquats, tireuse et bouteilles réemployables, et même une signalétique spécifique pour la mise en avant auprès du consommateur. « C’est indispensable. Je sais par expérience que se contenter de mettre trois tireuses sur une étagère, ça ne fonctionne pas. »
La Bande Verte a déjà attiré une vingtaine de membres, des acteurs du réemploi comme Eco in Pack, Flexikeg, des restaurateurs comme David Lecomte de la City Winery à New York, des producteurs (Château Guiot), des collectifs comme celui du Porto Protocol… « On vise cinquante membres d’ici Wine Paris 2025, et 150 d’ici la fin de l’année prochaine, dont une centaine de vignerons », présente Marie-Pierre Kahnn.
Très volontaires, les deux fondatrices ont des arguments imparables : « On n’a pas le choix et ça fonctionne. Le marché du vin est en chute libre, il ne faut pas que la filière campe sur ses positions. La Bande Verte s’adresse à ceux qui veulent bouger mais ne savent pas comment. On va leur trouver des solutions. »