ans s’appesantir, le groupe coopératif gascon Vivadour (238 000 hectolitres de vins produits et 5 530 hl d’alcool pur distillés en 2023) reconnaît avoir subi pour ses activités vitivinicoles « une année difficile, marquée par des aléas climatiques et une déconsommation persistante du vin ». Évoquant frontalement la conjonction d’une « crise structurelle », avec « des aléas climatiques à répétition » et « de nombreuses structures en difficultés », et d’une « crise conjoncturelle », avec l’inflation et les incertitudes géopolitiques, Vivadour semble aboutir presque logiquement au constat que sur les 650 hectares de vignes candidates au plan d’arrachage définitif dans le Gers, il y a en a 150 ha qui étaient jusque-là apportés à la coopérative.
Dans ce contexte, « la coopérative Vivadour a pris la décision d'arrêter lacollecte de raisins sur le site de Cazaubon » indique le rapport d’activité du groupe, précisant que « cette cave, située à l'extrémité nord de notre zone d'influence, sera désormais utilisée pour le stockage des vins. » Les apporteurs du site étant réorientés vers Eauze et Panjas (avec une compensation de la distance supplémentaire), afin d’ « optimiser les coûts de production et maintenir la compétitivité » indique la coopérative. « La décision d’arrêter la collecte de raisins sur le site de Cazaubon est un crève-cœur » déclare Serge Tintané, le président du pôle viti-vinicole de Vivadour, pointant que « le contexte économique actuel impose de telles mesures pour assurer la pérennité et la performance de notre organisation ».
Plus globalement, « en viticulture, la baisse de la consommation a durement frappé nos adhérents et la coopérative, déjà affaiblis par les épisodes de gel et les problèmes sanitaires » note Jérôme Candau, coordinateur de direction générale pour Vivadour, pointant que « même si cet exercice aura été impactant financièrement pour notre groupe, nous devons intensifier notre soutien aux adhérents face aux mutations agricoles. De nombreux projets de consolidation et de diversification à valeur ajoutée ont été réalisés cette année, ouvrant de nouvelles perspectives. »
Chai Sobre
Pour rebondir, l’union coopérative du Gers annonce vouloir « capter la valeur » du vin en vrac en se « différenciant » sur ce créneau hautement compétitif avec des produits taillés sur les « nouveaux modes de consommation ». Comme la désalcoolisaiton, le groupe Vivadour construisant le Chai Sobre en partenariat avec Moderato. Cet outil industriel ayant l’ambition de devenir le « premier centre français de prestation de services de désalcoolisation de vins » à Vic-Fezensac (Gers) avec l’« objectif de désalcooliser 10 000 hectolitres dès la première année », à doubler la deuxième année, l’outil ayant une capacité de 80 000 hl, entre production maison et prestation de services, l’offre industrielle étant réduite en France. « Le Chai Sobre nous positionne sur le marché émergent du vin sans alcool tout en valorisant les qualités gustatives des cépages gascons » avance Jérôme Candau.
Autre axe stratégique pour Vivadour : « le commerce de spiritueux conditionné » sous les marques d’Armagnac Monluc, Sempé et Jean Cavé, mais aussi avec « d’autres spiritueux (whisky, brandy et Cognac » à développer. Pour commercialiser ses eaux-de-vie, le groupe coopératif indique « structurer les réseaux commerciaux de Restauration Hors Foyer (RHF) France et export » ainsi que la « création de Boutique Spirits (mutualisation du réseau commercial) » pour renforcer son « Club des Marques ».
Annonçant un chiffre d’affaires de 540 millions d’euros sur l’exercice 2023-2024, Vivadour en réalise 7,4 % dans le secteur viticole (vins, spiritueux, fournitures et services vitivinicoles*), loin derrière le maïs et autres cultures végétales (51 % de l’activité) ou l’élevage et l’agroalimentaire (34 % du CA).
* : Suivant 20 000 ha de vignes en Gascogne, Vivadour a une activité d’agrofournitures viticoles s’élevant à 12 millions € en 2023-2024, une performance mise à mal par la réduction des plantations (faisant chuter les besoins en palissage) mais soutenue par la pression mildiou des derniers millésimes (gonflant les achats de phytos). Assurant également la vente de produits œnologiques et la réalisation d’analyses de vin, l’œnopole de Gascogne enregistre « une baisse significative du chiffre d’affaires de l’ordre de 20 % »



