l’échelle de l’ogre coopératif Vivadour (4 800 agriculteurs pour 775 salariés basé à Riscle, Gers), l’activité vin et spiritueux tient du petit poucet (240 viticulteurs pour 196 000 hectolitres produits en 2022). Sur les 596 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2022-2023, seulement 8 % sont assurés par l’activité viticole (avec 48 millions €), loin des 48 % des productions végétales (maïs, blé, soja, tournesol…), des 31 % des productions animales (volailles, palmipèdes, bovins…) et juste derrière les 10 % de l’activité de semences (maïs, blé, pois, haricots…). Mais le potentiel de croissance des vins et spiritueux alimente les ambitions du groupe coopératif, qui annonce ce 7 en conférence de presse d’importants investissements alors que le moral gascon est le pour le moins mitigé dans le vignoble.
Notant « encore une énième catastrophe naturelle sur cet exercice », Nicolas Escamez, le directeur de la stratégie et du développement de Vivadour rapporte une perte de 35 % de la production sur les trois derniers millésimes (suite au gel, à la grêle, au mildiou…). « Ces crises climatiques à répétition ont des conséquences significatives sur les exploitations viticoles en difficulté » rapporte Nicolas Escamez, qui indique qu’avec « l’inflation et les charges, la commercialisation on a des exploitations en réflexion d’orientation sur ce vignoble ». Concrètement, « nos viticulteurs ont été agressés par plusieurs aléas climatiques sur les trois dernières années » analyse Jean-Marc Gassiot-Bitalis, qui vient de quitter la présidence de Vivadour et reste membre de son bureau. Malgré les aides individuelles annoncées par le groupe coopératif, « aujourd’hui, on a des viticulteurs en difficulté par rapport à leur modèle » note le céréalier, qui pondère : « on n’a pas aujourd’hui extrêmement la pression sur un arrachage massif. Mais il faut continuer à avoir des stratégies dynamiques pour aider les viticulteurs à se projeter. »
Vision 2025
S’appuyant sur la feuille de route pour 2025 de Vivadour, son nouveau président, Florent Estebent (seul candidat succession de Jean-Marc Gassiot-Bitalis), évoque trois axes de développement : l’investissement dans le conditionnement (2 millions d’euros doivent être investis sur le site de Villeneuve-de-Marsan), le triplement en trois ans du chiffre d’affaires de la société de commercialisation Club des Marques (intégrée depuis la fusion en 2021 du pôle viticole de Vivadour avec les Vignerons de Gerland et suivant les marques Jean Cavé, Sempé, Clés des Ducs, Monluc… ainsi que des rhums et à l’avenir du whisky issu des céréales de Vivadour) et la création de la société Chai Sobre (véhicule du développement sur les vins sans alcool ou à faible teneur en alcool).
Lançant Vivadour sur la catégorie du "no-low", la création de Chai Sobre va permettre de la prestation de service pour la désalcoolisation. « Nous avons l’ambition de devenir le premier centre d’excellence de la désalcoolisation en France » annonce Nicolas Escamez, qui dévoile une alliance de Vivadour avec la start-up Moderato. Ce partenariat va déboucher sur la création d’ici la fin 2024 d’outils industriels dédiés, sur le site de la cave de Vic Fezensac pour un investissement global de 4 millions d’euros (des aides France Relance sont à l’étude). Ne voulant pas préciser la technologie de désalcoolisation utilisée, le directeur de la stratégie annonce un lancement d’une première gamme lors du salon Wine Paris & Vinexpo Paris 2024. Vivadour a déjà fourni des vins à Moderato via sa filiale dédiée au vin en vrac, CVG, avec des bases de colombard en blanc et de tannat en rouge. « Le vin est de Vivadour, mais la technologie et l’expertise de désalcoolisation appartiennent à Moderato » note Nicolas Escamez. Qui annonce la stabilité à court-terme du potentiel de production viticole de Vivadour grâce « à l’engagement de la coopérative sur le suivi technique, sur son modèle de rémunération et sa capacité de suivi et de portage/d’avance financière qui font que l’on voit toute l’essence du modèle coopératif viticole… »
« Le point positif » relevé par Nicolas Escamez : « le vignoble de la Gascogne et ses profils de vins blancs ont le vent en poupe, par rapport aux marchés des vins rouges et rosés plutôt en berne. Ces petits volumes ont fait que l’on a valorisés l’ensemble de la production à un juste prix, que ce soit en IGP Côte de Gascogne ou Vin de France. »