De nombreux vins rouges produits dans nos régions continuent de ne pas répondre aux attentes actuelles de consommation », pose le directeur vins du négoce de Gérard Bertrand, Stéphane Quéralt. A l’occasion de Vinitech, le représentant du célèbre négociant du Languedoc, était invité à livrer sa vision des vins rouges de demain lors d’une conférence organisée par l’union des œnologues de France (UOeF). Excusé pour raisons médicales, le directeur a néanmoins pu exposer son point de vue grâce par le biais de l’UOeF.
Le négociant narbonnais acte donc que la jeune génération de consommateurs, les milléniaux (25-35 ans), se détourne « des vins rouges chambrés, autrefois incontournables sur les tables familiales », pour privilégier des vins faciles à boire souvent servis frais. Les pratiques de la production doivent donc être repensées pour répondre à ces nouvelles orientations. « Pourtant, de nombreux vins rouges continuent d’être produits à l’encontre de ces attentes actuelles : raisins pas assez mûrs, notes végétales, surextraction ou encore des vins creux et secs », énumère Stéphane Quéralt.
Pour s’adapter à ces nouveaux goûts, Gérard Bertrand a choisi de « s’inspirer du passé pour proposer un vin moderne », déroule Stéphane Quéralt, en ressuscitant « le vin de café » d’antan, où la consommation de comptoir de bistrots nécessitait des vins légers et faciles à déguster. Ainsi, le négociant languedocien veut miser sur ce type de vins rouges, « simples, conviviaux, à servir frais », qui répondent aux attentes des consommateurs. La recette appliquée : des macérations très courtes, voire des presses de rosé fermentées en rosé sur lesquels la malo est engagée, pour obtenir un vin à mi-chemin entre rouge et rosé. La cuvée ‘Rouge clair’ de Gérard Bertrand, sortie en 2023, est l’illustration de cette tendance où le vin peut être dégusté en toutes occasions.
Pourtant, définir aujourd’hui avec certitude ce que seront les vins rouges de demain peut relever de la gageure, à l’heure d’une crise viticole où la déconsommation de ces mêmes vins rouges figure au premier rang des causes des difficultés du vignoble. Intervenant également lors de la conférence, le professeur d’œnologie bordelais Pierre-Louis Teissedre souligne néanmoins « qu’il n’y a pas de produit universel mais une tendance de la demande vers des vins plus légers ». Le responsable R&D du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), Laurent Charlier, dessine quant à lui « un portrait-robot de ces types de vins qui nécessite d’éviter l’extraction tout en gardant une diversité de productions et de profils ».