’alerte est donnée avec encore plus d’urgence et de fatigue : les manifestations agricoles de cette fin d’année affirment les difficultés des campagnes se trouvant dans l’impasse. Ayant accès à la parole médiatique, les vignerons mobilisés témoignent sans filtre de la misère qui les frappe faute de revenus décents : des récits poignants de vies à découvert bancaire, de familles entières placées dans l’incertitude financière, d’idées noires s'immisçant même chez les plus vaillants… Les exploitants ne sont pas les seuls concernés par cette crise qui s’étale au grand jour. Leurs salariés prennent de plein fouet la dévindustrialisation en cours, avec son lot d’incertitude sur l’avenir pouvant aboutir à un vaste plan de chômarrachage.
Encore peu visible dans le débat public, se trouvant comme en arrière-plan social, l’enjeu de la main d’œuvre viticole est pourtant bien présente dans l’actualité. Ici avec le rappel que l’arrachage de 2 hectares de vignes fait tomber un 1 emploi sur le territoire, là une étude de délocalisation de conditionnements réalisés jusqu’ici en France fait craindre pour l’emploi. À bas bris, des entreprises de la filière vin redimensionnent déjà leurs ressources humaines pour tenter de passer la crise. Passant souvent inaperçues individuellement, ces pertes d’emploi pèsent localement et pourraient finir pas représenter d’importants contingents cumulés. La structuration éclatée de la filière vin rend moins perceptible une tendance qui pourrait représenter un vrai plan social national comme dans l’industrie ou l’agroalimentaire qui mobilisent les inquiétudes politiques. Pourtant, en termes d’emploi... autant en emporte le vin.
Au-delà de l'économique, l’humain n’est pas à oublier pour sauver l’avenir du vin. Sa production étant faite de fraternité tissée entre exploitants et salariés lors des travaux par tous les temps et tous les coups de pression : taille sous une pluie battante, relevage sous le cagnard, traitements le week-end, rentrée de vendanges chaotiques, reconditionnement en urgence, déclarations MSA sans queue ni tête… Autant d’abnégation passée que d’expériences à ne pas perdre pour le futur.